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Non, je n'incarne pas le rêve américain

Non, je n'incarne pas le rêve américain
Non, je n'incarne pas le rêve américain
Non, je n'incarne pas le rêve américain
Non, je n'incarne pas le rêve américain

USA, du Rio Grande à Manhattan je bouge pour rallumer ma bougie, 
De San Francisco à Miami je roule pour sentir le roulis, 
Kerouac, « Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, qui veulent jouir de tout dans un seul instant ». 
D’où me vient ce goût de la route, de l’incertitude, du mouvement ? 


Auto-stop en Arizona, désert, soif, la liberté a un prix, celui d’oser être, 
Un couple de Mormons , « Dieu vous redonnera la vue — Je n’ai ni yeux, ni maître ». 
Aldous Huxley, « On doit jouir de chaque moment, d'une manière passionnée, audacieuse, exaltante, unique. » 
Déjà derrière moi s’éloignent des souvenirs en espagnol et la frontière du Mexique. 


Aimer la vie c’est la pénétrer jusqu’à ses étoiles les plus lointaines, 
La vie mouille et t’éclabousse si tu ne cultives plus la haine, 
Henry Miller, « L'homme a ce choix : laisser entrer la lumière ou garder les volets fermés. » 
Parfois l’impression de vivre dans un western, ici tout le monde est armé. 


À la Nouvelle-Orléans je me saoule de jazz et de bloody Mary, 
Mississipi amnésique et musiques en rires argentés et en ailes de nuit. 
Allen Ginsberg, « Le poids du monde est amour sous le fardeau de solitude. » 
Avec son morceau A love supreme, Coltrane a-t-il respiré cette altitude?


Californie, pouce en l’air, si Carlos Santana pouvait me cueillir en bord de route ! 
Apprenant que je suis français un fermier m’ouvre une grange et me tend un casse-croûte, 
Le moelleux de la paille et la clameur de l’orage n’ont pas besoin de traduction. 
Hemingway, « Nous devons nous y habituer : aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n'y a pas de signalisation. » 


Nuit de mauvais sommeil sur une table en ciment dans une station service, 
« Par ici, mec, on n’aime pas les vagabonds », gueule en me réveillant un type de la police. 
Thoreau, « La plupart des gens vivent une vie de tranquille désespoir. » 
Dans un canyon rouge sang, glapissements des coyotes, peur du crotale et de la veuve noire. 


Éjaculer dans l’océan c’est faire l’amour à tous les rivages en les réunissant. 
New York, pour tromper l’hiver, feux dans des lessiveuses entretenues par des mendiants. 
Je suis sous l’influence du grand frère Cendrars, « Ne te niche pas entre deux seins… quand tu aimes, il faut partir. »
À quoi peut bien ressembler un homme qui cesserait de se mentir ? 


Saine insolence libertaire, désobéissance civique, insurrection, 
Dix ans trop tard je traverse Woodstock, me reste la chanson, 
À la radio, Riders on the Storm, suis-je ce passager dans la tourmente ? 
Le slogan de Jean-François Bizot « tous à poil sur la route » encore me hante. 


Pluie torrentielle, nous essayons de dormir sous une moissonneuse batteuse, 
Blues, un instant le ciel ne s’est plus reflété dans l’eau boueuse, 
Hendrix chante, « Que ressent-on quand on est à la rue comme un complet inconnu, comme une pierre qui roule ? » 
Vertige de l’immensité de l’Amérique profonde loin des foules. 

Un prédicateur agité à Haight Ashbury proclame l’imminence de la fin du monde,

Dieu punit, Dieu récompense, marre de cette infernale ronde,

Burroughs, « Le paradis des chrétiens, une illusion née du besoin qui flotte dans un nulle part nébuleux. »

J’ai quitté mon petit clocher de France, pour mes parents j’étais trop scandaleux.

 

Faire l’amour avec la première venue qui sourit,

Une fugueuse rousse qui a fuit les ploucs de son Missouri,

« Père je veux te tuer, mère je veux te baiser », elle scande The End de Jim Morrison,

Écouter, sourire, ne pas réagir, se déployer jusqu’à n'être personne.

 

Tentation d’imiter Dylan ? Le boucher est végétarien,

Le curé ne croit plus en rien,

Les mecs des stups se défoncent,

Mais moi je ne sais pas jouer de guitare, vite je renonce !

 

Pour les gars d’ici je suis un raté, un assisté,

Avec la morale en cours c’est vaguement rémissible grâce à ma cécité,

« Vous faites quoi de votre vie ? — Je voyage pour rien. »

Dans un pays où tout doit se mériter, sorry madame Smith, je n’incarne pas le rêve américain !

 

 

 

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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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