26 Octobre 2016
Rues, secouez-vous et faites choir les poteaux indicateurs
Horloges, révoltez-vous et arrêtez de marteler l’heure
Et toi, Sisyphe, cesse de pousser ce rocher comme une fatalité
« Ça va ? — Oui, ça va », la trop banale commedia dell’arte !
Croire, une tentative de pied de nez au mourir
J’ai transformé mon passé pour modifier mon avenir
J’ai marché à reculons pour déjouer le temps
La tête en bas, les pieds dans les nues, pour voir autrement.
Je me suis fait aveugle pour ne plus avoir en face de moi le monde — raté
J’ai changé mille et une fois d’identité
J’ai découvert le tonneau de Diogène, la rouille l’avait corrompu
Puis j’ai tendu un somnifère à Shéhérazade pour qu’elle ne parle plus.
Vertueux, j’ai détroussé les pauvres pour qu’ils le restent
Dès que le coq chantait, je retournais ma veste
J’ai distribué mes biens aux possédants
De tous les culs-de-sac et de toutes les routes je suis devenu l’amant.
Les quatre points cardinaux m’ont appelé
Le Yémen et ses plateaux pelés
L’Inde et ses dieux qui ont trop fumé
Les mers traîtresses et les jungles affamées.
J’ai appris les langues serpents, orties, carbones, le silence des abysses
J’ai écouté gronder la forge des désirs dans les clitoris
Ô frauduleuses tempêtes, j’ai encore fini par me baigner dans mes larmes
La fascination de l’éphémère avait confusément perdu son charme.
J’ai brûlé mes cheveux, mon passeport, mangé mes parents
Amarante et concave tentation de devenir transparent
je me suis coupé en deux pour m’observer
Dieu : rien à voir, circuler.
Ascète, dépravé, scandaleux, épicurien
Partout, nulle part, je suis tout, je suis rien
La joie, ignorance acceptée
Réconciliation de la contrainte et de la liberté.
Un visionnaire muet m’a montré les nuages :
Élève-toi, marche au-dessus d’eux comme les rois mages
Je lui ai répliqué en langue de plancton et d’oronge :
Vieux fou qui parle sans mots, dis-moi qui rêve tous nos songes ?
J’ai confisqué le sifflet à mon libre arbitre
Aristote m’a donné un coup de coude pour me réveiller :
« il existe
trois sortes d’hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer »,
Le calme rivage j’ai quitté pour fuir toutes les chimères.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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