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Le handicap n'est pas une identité.

Le handicap n'est pas une identité.

 "Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés."

Proverbe indien.

 

Souvent, au cours de mes nombreuses rencontres, il m’est demandé de parler du handicap, surtout quand mon interlocuteur découvre la distance et l’humour qui pilote mon quotidien d’aveugle.

« Qu’est-ce que le handicap ? », m’interroge-t-il alors.

Pour moi, se définir comme handicapé provient forcément d'une complicité désolante entre celui qui a les yeux éteints, dans le cas de l’aveugle, et celui ou celle qui se trouve en relation avec lui.

C'est en effet le regard de la comparaison, du jugement, jugement né de la peur de la différence, du refus, qui peut créer et renforcer la notion identitaire de la personne dite handicapée, mais uniquement si celui-ci ou celle-ci refuse son « autreté » et s'identifie à ce que son interlocuteur projette sur elle.

          JP Cabanne 2

L'acte de courage à la fois le plus humble et le plus vaillant est signé par l'homme, quelles que soient sa forme, sa couleur, ses différences, qui ose être ce qu'il est, sans plus se comparer aux autres, en adhérant corps et esprit à ses différences.

Être aveugle, paralysé, prétendument normal, d’une race minoritaire, ce n'est pas évident, non pas parce que nous sommes ceci ou cela, mais parce que nous nous voulons autre.

Il y a en nous deux possibilités : l’une est de nourrir les refus, « je suis aveugle, noir, anxieux, mais je ne devrais pas l’être » et l’autre, inconditionnelle, c’est d’accepter. La première est entre les griffes de l’inconscience, elle a comme matrice la peur. La seconde est de la nature de la conscience, elle est amour.

Il n’y a pas de handicap, il n’y a que des différences ; le seul handicap que je connaisse relève du fait de ne pas accueillir l’autre tel qu’il est.

Si j’accueille la cécité non plus comme une limite, une prison, mais comme un instant particulier du mystère du vivant, je n’invente plus de corde pour m’évader, je ne cherche plus de complice à l’extérieur, de sauveteur, je n’ai plus de bouc-émissaire à dénoncer, et je deviens la cécité quand celle-ci est mise en évidence, par exemple, par un objet égaré.

Mais elle n’a plus d’emprise quand elle n’est pas mise en évidence par quelque chose à trouver.

Ce n'est évidemment pas notre différence qui doit changer, mais le regard de comparaison que nous portons sur elle.

Si la vie me donnait la vue dans les yeux, je l'accepterais, autant que j'accepte d'en être privé.

Le seul handicap auquel je crois, c'est le manque de discernement et d'amour, source amère et créatrice du refus et de la peur.

 

                JPbrouillaud8

Dans chaque homme, il y a deux tendances : l'une est destructrice, frustrée, a une vision morcelée et refuse le Réel ; l'autre est amoureuse de la Vérité, créative et pacifiée. Je suis comme vous et comme tous les hommes de la terre. La tendance qui triomphe c'est évidemment la tendance que je nourris le plus.

J’espère que la lumière de ces quelques lignes dévoilera l’horreur de la situation, notre complicité avec le handicap, notre mensonge identitaire.

 

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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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H
Je viens de lire votre livre en 2 jours. Un régal, une belle leçon de volonté. Merci
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B
Toutes ces peurs dans nos coeurs ne sont-elles pas un handicap dans nos quotidien? auquel cas, nous sommes tous des handicapés - Souvent, c'est la peur même du handicap et de la différences qui crée une barrière entre les "handicapés" et les, soit disant, non handicapés. J'ai connu cette peur lorsque j'ai rencontré, mon ami Dany qui souffrait de dystrophie musculaire et qui à 16 ans était dans un fauteuil et à qui je n'ai pas dit bonjour, la première fois, afin de ne pas me confronter aux peurs que générait sa différence. Merci Dany, de m'avoir ouvert les yeux quand j'avais les yeux fermés. Tu me manques <3 Merci à vous, Jean Pierre, pour votre témoignage et vos belles photos qui nous montre combien vos yeux sont ouverts sur le monde.
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L
Je ne me rends pas compte de ce que c'est que "vivre dans le noir"....Amitiés et bon dimanche,Jean-Pierre
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L
Bonjour monsieur, ce texte est magnifique, je partage tout à fait votre vision des choses.<br /> Quand vous dites " je deviens la cécité quand celle-ci est mise en évidence, par exemple, par un objet égaré " vous touchez tellement juste il me semble. Vous liez le plan physique et métaphysique<br /> si simplement… Vous m'inspirez voilà (smiley sourire)<br /> <br /> Avez-vous lu ce que dit Spinoza de "l'homme privée de la vue" ?<br /> <br /> Cordialement, julien
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L
Tres belle réflexion,pleine d'idées positives.Tout le monde devrait lire!!!Tres bonne fin 2012.jpg
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J
<br /> <br /> Merci Jean-Pierre, heureux que tu aies survécu à l'apocalypse du 21 décembre..<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> J. P. les 6 milliards d'hommes actuellement sur cette planète sont je crois tous handicapés à des degrés différents puisque nous sommes unique, mais le regard de l'autre rend cette différence plus<br /> ou moins visible, et le degré d'éveil personnel permet à chacun de vivre plus ou moins bien cet état suivant son propre vécu. Heureusement, l'amour se charge de nous réunir, mais encore faut-il<br /> savoir le reconnaître et le cultiver.<br /> <br /> <br />
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