Quand on cherche l’or au dehors,

On est forcément aveuglé.

En 1982, au Pérou, Dans la région du Madre de Dios, je poursuivais avec quelques amis, plutôt prêts à tout, le rêve insensé de retrouver Païtiti, la cité d'or des Incas.

Pendant une séance d'ayahuasca, guidé par un chaman de la forêt, je pressentis que la cité d'or, que nous n’avions pas découverte, était enfouie sous la jungle de ma propre personne.

Quand je quittai alors les rives du Madre de Dios, je me dis, pour la toute première fois de mon existence, qu'après tout les hommes n'étaient peut-être pas que des tuyaux, ingurgitant d'un bout et régurgitant de l'autre, et entre naissance et mort, des semeurs de chaos de mon espèce.

Tandis que la pirogue accostait une rive boueuse et que les

baraquements, faisant office de débits de boissons et de bordels,

se déployaient devant nous, une idée me traversa:

L'homme véritable n'est peut-être pas encore né.

Cette hypothèse me séduisit au plus profond car ce défi était la promesse de nouvelles aventures.