14 Janvier 2010
Un temps chemina sur les routes du monde un aveugle en souffrance qui se faisait croire qu'ailleurs le bonheur était accessible.
Ce jeune homme souffrait et au lieu d'examiner la souffrance et son origine, le moi souffrant, il préférait transformer les autres, ses parents, la société, l'infirmité, parfois Dieu, parfois son absence, en bouc-émissaires.
La raison d'être des bouc-émissaires fantômes est de nous autoriser à ne plus être responsables de l'immense liberté dont la Vie nous fait don, et d'avoir un coupable à désigner.
Il ne réalisait pas encore que c'était la permanente tension vers l'ailleurs et le demain, l'espérance d'un bonheur futurisé, qui personnifiaient les instigateurs- mêmes de la confusion et de son désarroi.
Croire qu'ailleurs, demain, grâce à ou à cause d'untel, enfin nous serons comblés, heureux, c'est tenter de pallier à un désespoir présent par n'importe quelle espérance future, fusse-t-elle improbable.
Aujourd'hui quand je re-visite la manière d'être de ce jeune homme blessé que je fus, je découvre les mille manières perverses qu'il utilisait pour conjuguer et augmenter la souffrance.
J'étais aveugle depuis peu de temps.
Je croyais que le bonheur était dehors, quelque part.
Au risque d'indigner certains lecteurs, j'affirme aujourd'hui qu'il y a de la vanité dans le souffrir, mais si quelqu'un me l'avait démontré à l'époque, je l'aurais traité d'imposteur, d'homme sans cœur.
Mais pourtant quand on observe, avec un esprit vide d'à priori ce que l'on appelle la souffrance, on s'aperçoit qu'elle émerge presque uniquement lorsque l'on a la prétention de penser que les situations, les autres, soi, pourraient être différents.
Quand je disais que je souffrais à cause de la cécité et du manque d'amour des hommes, c'est moi et personne d'autre qui créait et chérissait la souffrance.
Cela m'a prit du temps pour réaliser l'orgueil qu'il y a à vouloir que les choses soient autres que ce qu'elles sont.
Mais une fois libéré de l'idée d'un monde et d'un soi-même idéal, du poids asservissant des croyances, de l'espoir et de son contraire, il y a une relaxation, un décloisonnement de l'être qui s'opère NATURELLEMENT.
Quand on ne poursuit plus la queue du Mickey, le bonheur venant du dehors, le manège finit par s'arrêter de tourner. Et à ce moment-là, une grande partie de l'histoire personnelle (qui n'était qu'un mauvais rêve) s'évanouit. Subsistent les faits, et les faits ne sont jamais douloureux en eux-mêmes.
Et que reste-t-il quand nous arrêtons de prétendre que nous souffrons à cause de nos yeux manquants ou de la forme du monde, de nos espérances déçues ?
Que reste-t-il quand, d'un seul coup, nous découvrons que c'est nous qui avons créé notre propre souffrance, avec notre prétendu savoir de ce qui devrait être ou ne pas être, notre quête inconsciente du bonheur liée à des possessions supposées combler nos manques ?
Vous connaissez ce titre d'un ouvrage de Guy Corneau ?
« Le meilleur de soi. »
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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