9 Août 2012
La vacuité du coeur
Je veux pouvoir t'aimer sans m'agripper. T'apprécier sans te juger. Te rejoindre sans t'envahir. T'inviter sans insistance. Te laisser sans culpabilité. Te critiquer sans te blâmer. T'aider sans te diminuer. Oui ! tout cela et plus encore dans le respect de nos différences et le développement de nos possibles. Oui ! mais se faisant je prends le risque de mes imprudences, de toutes mes peurs anciennes et le risque de tes réticences. Je prends le risque de mes contradictions et le risque de tes déceptions. Je prends le risque de mes démesures et le risque de tes blessures. Je prends le risque de te donner plus que tu ne désires et celui de recevoir moins que je ne voudrais. Je prends le risque du silence, celui de la parole, de la distance et celui des gestes proches. Je prends le risque de l'absence et aussi celui du manque. Oui, je prends même le risque de te faire fuir...
Mais je ne prends pas le risque de garder les fleurs fanées, de refuser les fleurs demandées, d'abîmer les fleurs reçues. Je ne prendrai pas le risque, non plus, de me renier en reniant la vie qui me contient. Je peux ainsi rester moi, relié à toi et peut-être toi reliée à moi ; pour tant de partages à vivre...
Quand la rencontre devient partage et agrandissement de chacun, au face-à-face des jours, surgissent des instants précieux. Tel ce moment reçu, agrandi, inventé pour nous deux à la rencontre de ce jour où tu es venue. J'en veux garder plus loin la saveur, la trace bien au delà du souvenir. Te rappelles-tu qui a proposé, qui a invité et de quel événement passé ou à venir nous fêtons la présence ? As-tu la souvenence encore, de cette envie de nous retrouver, en ce lieu, pour en cueillir le meilleur et en savourer toute l'attente ? Nous nous sommes accordés au désir de l'essentielle nourriture, puis au plaisir des regards échangés, à l'abandon des paroles offertes et au reçu de la proximité fragile. Nous avons partagé dans le secret des mots et recréé en ces lieux une part de nos élans. Voilà, nous reviendrons peut-être déposer encore un peu de chacun dans un nous à poursuivre...
Nous voulons croire que la société de consommation dans laquelle nous vivons à pour finalité la satisfaction du plus grand nombre de besoins. Elle s'est spécialisée dans la création de besoins nouveaux et donc sur le développement de la frustration et de la dépendance à l'égard de réponses espérées. Nous sommes sensés être dans une société d'abondance : abondance d'informations, de stimulations sensorielles, abondance de situations factices à vivre joyeusement, abondance de possibles de toutes sortes. Mais je vois autour de moi une grande pauvreté affective et relationnelle, une espèce de désert du coeur, un grand manque de relations de qualité et de convivialité. Cela veut peut-être dire que nous sommes passés du désir au plaisir et par la même du sujet à l'objet.
La pire des privations c'est de ne pas savoir découvrir et utiliser le meilleur de nous-même...
Il y a la foule innombrable des plaintifs, des mal-aimés mais il y a surtout pléthore de mal-aimants. Les murs ne sont pas toujours au dehors. dans tous les murs il y a une lézarde, dans toute lézarde, très vite, il y a un peu de terre. dans cette terre la promesse d'un germe nouveau, dans ce germe fragile, il y a l'espoir d'une fleur et dans cette fleur, la certitud ensoleillée d'un pétale de liberté. Oui, la liberté est en germe même dans les murs les plus hostiles...
Quand nous acceptons de recevoir nous avons moins besoin de demander ou de prendre. Le degré de maturation le plus achevé du recevoir, c'est d'accueillir. Accueillir dans le oui, dans l'acceptation de ce que je suis, de ce que l'autre est pour moi. Donc dans l'acceptation du présent. Le mot présent à d'ailleurs beaucoup de significations. Est-ce que je peux accepter d'être présent pour l'autre ? Etre dans le réel de l'ici et du maintenant d'une relation, c'est aussi, développer cette capacité à n'être ni dans l'amertume, dans le regret ou la nostalgie du passé, ni dans l'anticipation idéalisée ou persécutoire du futur. c'est accepter vraiment d'être là où je suis. Je peut être plus dans le présent en acceptant de vivre au niveau de chacun de mes sens.
Laissez-moi vous dire les sursauts de l'espoir au ventre de la vie, le rêve d'un enfant dans le rire des jours.
Laissez-moi vous dire les cris du silence au creux d'un soupir, les regards de l'amour dans la nostalgie d'un geste et l'abandon d'une violence dans l'accueil d'un sourire.
Laissez-moi vous dire l'éveil d'une parole qui ouvre l'horizon et l'amplifie jusqu'au soleil.
Oui oui, étant dans le dernier quart de ma vie, j'ai un gros penchant pour la tendresse. La tendresse, non pas comme subtitut de l'amour mais, plutôt comme son prolongement.
La tendresse
Je te parle des pays joyeux et difficiles de mon enfance. Je vais te le dire de par les continents et les océans de mes émotions. Je voudrais témoigner avec les sources et avec toutes les rivières de mes amours. J'aimerais me confier aux chemins tumultueux de mon corps et m'abandonner ainsi au pays chaleureux de mon présent. Je te parle de de ce pays à venir qui sera ma vie dans son dernier quart - cet avenir sera tout entier à la tendresse, même si demain menace encore un peu et même si aujourd'hui tout est incertain. Encore, faudra-t-il me donner les moyens d'encore la découvrir sous le béton des habitudes, sous la plage des apparences, sous la violence des certitudes acquises. La tendresse ne naît pas de l'impossible, elle engendre seulement le possible pour rencontrer et apprendre la tendresse. Pour suivre ce chemin, peut-être me faudra-t-il accepter de dépasser mes peurs, de sortir de mes préjugés et d'affronter l'inconnu de nouveaux possibles. Peut-être, me faudra-t-il, plus simplement, plus difficilement, accepter d'entrer dans le grand cycle de la vie...
Avec toute la douceur de ma tendresse plurielle
Serge Lévéque
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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