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Assis derrière des millions de paires d’yeux

Assis derrière des millions de paires d’yeux
Assis derrière des millions de paires d’yeux
Assis derrière des millions de paires d’yeux

Deux trois arpèges,

Bouffon du roi, saltimbanque à l’ombre des sortilèges,

Dans tes narines pincées, un temps pas mal de neige !

 

Tu chantes : Tout le monde doit se défoncer,

Les hommes par la haine blessés, par l’amour blessés,

Mais tu finis, Bob, par te repentir les pieds dans le fossé.

 

Elle est encore loin Sara, joyau éclatant, épouse mystique en robe de calicot,

Le sang des innocents sur la piste égarée dans les blés sans coquelicot,

Parfois, Bob, tu te rêves hobo marchant Bible en poche vers Mexico.

 

Avec ta voix de cailloux concassés et de roues de tracteur sur sol boueux,

À ton apogée, tu es assis derrière des millions de paires d’yeux

Et tu leur dis comment interpréter la couleur des cieux.

 

Le croque mort borgne porte une couronne d’épine,

Et toi tu souffres toujours de la flèche qui t’a transpercé la poitrine

Depuis que tu as vu ce vagabond mort de froid sous un putain de porche anonyme.

 

Un coup d’œil sur son visage dévasté disait son chemin parcouru,

Une poignée de monnaie, les piécettes mendiées dans la rue,

Chômeurs Noirs, petits Blancs, tous des pions bougés par les repus corrompus !

 

Prophète surréaliste tu chantes L’eau commence à monter, les temps changent,

Tu voudrais apprendre à nager dans les courants boueux qui dérangent,

Dans ta salle de bain, se brossant les dents tu croises un ange.

 

Prêtres, politiciens ferment les yeux en dansant sur la route de la désolation,

Les affiches déchirées, bigarrées, annoncent que nous sommes à la veille de la destruction,

Les riches assis font les lois, tu fustiges l’oppression.

 

Combien de fois un homme peut-il tourner la tête en prétendant qu'il ne voit rien ?

La réponse est dans le vent, ô homme au tambourin,

Alors n'y pensons plus, tout est bien.

 

Voir clairement entre les choses telles qu’elles sont et telles qu’elles devraient être,

Dans les violences, les mensonges, les boniments, voir la main du maître,

Tu chantes que les lois de la jungle naissent du cerveau malade des shérifs et des prêtres.

 

Tu entends la chanson du poète agonisant dans le caniveau :

Le monde vole en morceaux et déjà le chaos fiche son poing dans la figure des nouveaux,

Non, jamais les lions ne se sont assoupis auprès des agneaux.

 

Tu as rencontré la fille qui venait du nord,

Elle t’a parlé d'une douzaine de lacs morts,

Morts parce que les hommes sont au service du pouvoir et de l’or.

 

Ereinté, tu as marché dix mille miles dans la bouche d'un cimetière,

As entendu rugir l’avertissement dans l’éclair soufré du tonnerre,

Et tu dis que c'est une dure, une pluie dure qui va tomber, tomber des enfers.

 

Tu as entendu le ricanement acide d'une vague qui pourrait noyer le monde entier,

Entendu cent batteurs dont les mains étaient incendiées,

Et c'est une dure, dure, une averse dure qui va nous défier.

 

L’âme en feu, tu toques toques à la porte du paradis, visionnaire,

Et tu marches sans empreinte le long de cette longue route solitaire,

Tu ne cherches désormais rien d’autre que Dieu sur Terre.

 

Tu ne veux plus être le porte-parole des minorités, tu écris ce qui vient du fond de ta nuit,

Ton harmonica joue les passe-partout et sur les cœurs arides fait tomber la pluie,

Mais tu restes fortement influencé par Woody Guthrie.

 

Entre le Lévitique et le Deutéronome, rebelle, Nobel,

Tu rencontres la Vierge, elle te tend un arc-en-ciel,

Prophète fasciné par les chemins de traverse, tu dénonces l’hypnose du matériel.

 

Sur la terre des guerriers indiens, Jefferson se retourne dans sa sépulture.

Tantôt prêcheur, tantôt pécheur, jouant la carte de la contre-culture,

Tu pleures parce que les épargnants stockent le grain au lieu de donner aux affamés cette nourriture.

 

Deux trois arpèges,

Bouffon du roi, saltimbanque à l’ombre des sortilèges,

Tu invites la meute à danser et à sortir du manège.

 

Texte inspiré par Bob Dylan

 

Assis derrière des millions de paires d’yeux
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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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