21 Mars 2010
La différence
Arrivée d’Europe centrale, avec mes parents, à l’âge de trois ans, je me suis très vite comportée comme une petite française.
Les raisons de notre émigration ne me paraissaient pas très claires, mais la sincérité de l’engagement de mes parents était évidente. De même qu’au fil des ans, la réussite de leur intégration.
J’étais française, avant même qu’un décret de naturalisation ne le proclame.
Tellement française que j’avais perdu l’usage ( mais pas la compréhension ) de ma langue maternelle et tout intérêt pour ma patrie d’origine.
Mais vraiment française ?
Un patronyme imprononçable, pierre d’achoppement de toutes les listes d’appel, le fort accent et les fautes de syntaxe de mes parents ne révélaient-ils pas une faille ? Ne me rendaient-ils pas suspecte ?
Après la période de la guerre, point culminant d’incertitude et d’angoisse, ma vie familiale et professionnelle s’est complètement inscrite dans un cursus français.
Il persistait pourtant un certain malaise, un inconfort intérieur, le poids d’un stigmate encombrant.
Il m’a fallu bien des années, pour sentir que cette origine étrangère, loin d’être une tare, constituait un plus, une chance de m’inscrire dans un autre contexte, un autre vécu, la possibilité d’enrichir ma sensibilité, mon humanité.
J’ai pu enfin, me réapproprier mon histoire originelle, et me sentir à l’aise.
Ce petit témoignage fait pâle figure auprès de votre parcours, Jean-Pierre.
Ce n’est que le chétif récit d’une privilégiée, n’ayant souffert ni physiquement, ni socialement, qui se permet de chanter avec vous : La différence est une richesse, dès qu’elle est acceptée.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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