20 Février 2016
Vous avez devant vous une photo. Vous la voyez. Des sensations, des impressions déferlent dans votre espace intime comme des vagues, peut-être même des mots jaunes viennent comme cette cabane, peut-être encore des mots roses pas moroses. Qu’importe la couleur, ça réagit, et si l’on vous interroge, vous aurez un avis propre qui vous signera. En cela nous sommes un peu différents, juste un peu !
Comme à vous, Tami m’a demandé, entre poire fondante et fromage à fort caractère, si je me prêterais au jeu de la description : qu’est-ce que t’évoque cette photographie ? Elle sait que je suis aveugle et que je chéris les défis qui ajoutent du piment à notre vie, ouvrent des fenêtres sur de nouveaux possibles, en résumé ne nous enferment pas dans un parking, au Kosovo ou ailleurs !
La photo une fois décrite par Tami s’est éclatée, éparpillée dans ma mémoire aux subjectivités dissolvantes. Que reste-t-il ? Une fenêtre ouverte qui fait naître un dedans et un dehors, un dedans évasif, troublant, un terne dehors bétonné où le végétal tente de recoloniser discrètement le gris avec son vert chlorophyllien.
Il y a des prix, des tarifications, le temps se paie, l’espace aussi. Que nous importe le monde enfermé en chiffres, nous savons que la poésie est dans le regard avec ou sans yeux, que la poésie n’est pas dans la chose vue mais dans celui qui la regarde.
Je me souviens qu’il y a dans la photo de la tôle, un toit en tôle, mais y a-t-il du ciel ? Ah oui, il y a toujours du ciel, même s’il n’est pas visible, c’est lui qui nous permet de désigner les choses du monde visible.
Et si on est attentif sans attendre, bien qu’invisible, on réalise que la photographe est présente dans sa saisie de l’instant. Nous sommes tous là dans ce que nous regardons même si nous ne le voyons pas.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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