19 Février 2016
Je suis père deux fois, père de la même fille. Qui dit mieux ? La première fois en date du 19 juillet 1995, paternité subie bien que consentie ; la seconde, un dimanche, le 26 mai 1996.
Paternité choisie : je vous dois quelques explications. D’enfant point n’en souhaitais. Aussi, d’une certaine manière, j’ai subi cette première paternité. L’arrivée d’un enfant dans notre couple relevait du choix maternel.
Mais passons à ce matin de mai. Je marche vers le jardin en terrasses — en faïsses, comme on dit en Ardèche —, présent au vent, aux arômes et aux oiseaux. Là, un frôlement à peine perceptible me fait bondir instinctivement. Je ne comprends pas, je ne vois pas, j’agis seulement sous une dictée que je n’entends pas. Mes mains agrippent un petit corps d’enfant qui vient de glisser la tête en avant dans une bassine remplie à ras la gueule de cinquante litres d’eau. Au fond du contenant, l’eau stagnante a déposé une sorte de vase visqueuse. L’enfant, c’est ma fille Leïla ! Si je n’étais pas passé par là, elle n’avait aucune chance de survivre. Nous l’aurions retrouvée noyée. Inimaginable : Marie, sa mère, était en train d’arracher de l’herbe à cinq mètres de là ! Mais voilà, la petite se trouvait hors de vue, derrière un lilas en fleurs. Parole d’aveugle ! Par bonheur, à ce moment-là, je n’étais pas accaparé par les préoccupations ordinaires, mais seulement habité par une écoute intuitive.
Dans mon immense soulagement, ce matin-là, il m’est apparu que je venais de naître à une seconde paternité, cette fois-ci choisie, désirée. Oui, la vie parle. Si seulement nous pouvions l’écouter en dehors du champ restreint de nos représentations !
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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