9 Juin 2016
Le cri d’une étoile qui s’éteint m’a réveillé
Dans mon lit, aux réminiscences exquises, plus personne
Du sperme séché sur le drap parle pourtant de corps qui frissonnent
Pourquoi la porte de la mémoire est-elle rouillée ?
Les yeux n’ont pas l’exclusivité de la cécité
L’univers passe, par lui nous sommes passants
Mais que se passe-t-il pour le trépassant ?
La porte de la mort fait-elle du bruit par nécessité ?
Derrière la moustiquaire commence la nature
Hargneux jappements de chiens errants, odeurs d’égouts
Mon sang plaît aux moustiques, ici Ouagadougou
J’ai toujours eu un faible pour la démesure.
Le mendiant bossu de la mosquée m’a pris la main :
— Je cherche le miroir qui ne reflète plus les objets
Je lui ai dit : l’eau qui coule n’a pas de projet
Les manques acceptés éteignent l’espérance des demains.
Chronos, la montre, les grises préoccupations
Aiôn, un holistique goût solaire du présent
Kairos, décrochage, profondeur de l’instant
Grande ouverte est la porte de la méditation.
Il m’a dit, le bossu : garde ta science pour les rois
Un homme qui qualifie le temps est un homme mort
Échec et mat. J’ai retenu ma langue sans remords
La frustration est noire comme le désarroi.
Oui elle était l’objet de mon rêve érotique
Rouge désir. Les moustiques femelles convoitent mon sang
Elle dort, là-bas, sans doute une main sur son ventre innocent
Sa peau, lune noyée dans le miel d’une nuit balkanique.
Au loin de terribles tambours tonnent l’Afrique verticale
Une Afrique qui ne pense pas, une Afrique qui sent
La nature en rut a des rythmes triomphants
Ignorés par la culture de l’Europe horizontale.
Froissements bleus d’aurore sur le carmin de la poussière
Est-ce que les étoiles crient quand elles s’éteignent ?
Ô bossu, sais-tu que jamais on ne se baigne
deux fois dans la même rivière ?
Le front d’airain de l’éléphant supporte le ciel
Enfouir mon nez dans le musc de sa nuque après l’amour
N’est pas un voyageur celui qui pense au retour
Sur le lit « Les Temps sauvages », le livre de Kessel.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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