7 Février 2016
Faites appel à vos souvenirs : racontez-nous la toute première fois que vous avez vu ou rencontré un aveugle ?
Il y avait peu de cannes blanches dans les rues de St Malo, durant mon enfance, mais je me souviens qu’ils étaient très respectés. Puis j’ai découvert Ray Charles et Stevie Wonder et mieux compris le sens du mot aveugle.
Que vous évoque la cécité ?
Elle a longtemps été, pour moi, synonyme de blues et de musique noire. Depuis la lecture de ton livre et notre rencontre, je l’associe aussi à la Route et je reste bluffé : elle n’était pas toujours tendre pour les voyants, alors, un aveugle… Longue vie à toi, garçon !
Pouvez-vous citer trois personnes célèbres et aujourd’hui disparues que vous auriez aimé rencontrer ?
A vingt ans, j’aurais aimé rencontrer les disparus célèbres du rock’n’roll, Brian Jones, Lennon, Hendrix. Aujourd’hui, c’est surtout mon frère, parti trop jeune, que je voudrais revoir, en moto sur les pistes de Madagascar.
Qu’est-ce qui vous manque ?
Rien, pour l’essentiel. Au jour le jour c’est moins simple, mais on ne crée plus lorsqu’on a tout et je carbure encore à l’insatisfaction.
Vous m’invitez à votre table, vous me faites manger quoi ?
C’est ma femme qui cuisine et c’est bon ! Nous souhaitons beaucoup connaître les goûts de nos invités et elle te proposerait, je pense, du lapin à la moutarde ou des calamars sauce noix de coco. Je me chargerais du vin.
Vous avez le pouvoir de faire parler un animal, lequel et pourquoi?
Ce n’est pas trop mon truc mais je me souviens d’un gorille, en cage, dans un zoo de Londres, en 1969. Il m’observait de ses yeux tristes et je reste certain qu’il me chantait son blues. Peut-être étais-je un peu chargé ce jour-là…
Que regardez-vous en premier chez l’autre ?
Les yeux d’un homme lorsque nous nous serrons la main, pour la première fois. Et aussi, très vite, la silhouette des dames, on ne se refait pas.
Qu’est-ce qui vous fait le plus peur ?
Le temps qui passe, la marche du monde me turlupinent, même s’il ne s’agit pas de peur véritable. De toute façon, on se meut sur un champ de mines.
Milongas
Où m’emmèneriez-vous en voyage ?
Je crois que je te proposerais l’Argentine/Chili, pour les milongas de Buenos Aires et les kilomètres à s’avaler le long de la Cordillère des Andes, de l’Atacama à la Patagonie. Nous pourrions aussi évoquer Madagascar et Cuba que je connais bien ou des contrées que tu voudrais, toi, me faire découvrir.
Qu’aimeriez-vous le plus décrire à un aveugle ?
Le corps d’une dame, son sourire, ses cheveux, la couleur de ses yeux : un peu macho, non ? A une femme aveugle, je parlerais plutôt d’un paysage somptueux et j’essaierai de le décrire aussi précisément que possible.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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