16 Février 2018
Mon âme a les yeux d’une femme qui jouit
L’italien compartiment tangue dans le satin blanc d’une nuit
Autour de mon sexe médusé sa bouche cerise
À Torino, deux étrangers, deux amants à Venise.
Lèvres soudées d’eau et de pierre sous le pont du Rialto
Il y a des jours où il me semble trop lourd le sac-à-dos
Sur le quai, elle m’a quitté comme elle est apparue
J’aurais tellement aimé qu’elle m’accompagne sur les places et dans les rues !
Faut-il traverser enfer, purgatoire et paradis
Enfin toutes les étapes de la divine comédie
Pour devenir un homme, un homme à part entière
Et vivre dans le pays de la joie qui n’a pas de contraire ?
« À quoi sert de heurter le destin » interrogeait Dante
La nocturne passagère aux envies ardentes
M’a jeté un ostentatoire ciao devant la gare
Je maudis cet instant qui m’a laissé hagard.
Souffrance, vouloir autre chose que ce que la vie nous donne
Ta bouche, ta porte interdite, regrets je mâchonne
La pizza a le goût des quatre saisons de Vivaldi
Mais faut-il vraiment accepter l’enfer pour goûter au paradis ?
Dans la rue je croise un enfant abandonné
Je m’approche de lui, ô Vénus, ai-je si peu d’années !
Diantre ! c’est mon ombre qui me nargue en me souriant
Si je la remets sous mes pieds, serai-je d’elle enfin triomphant ?
L’air des canaux a un goût de chocolat
La synesthésie m’accorde en la
J’erre, laminé par le la mineur des doléances
Minuit, solitude, un feu rouge, je suis déjà en partance.
Après une nuit d’auto-stop, cafés amers, Brindisi
Vers Igoumenitsa, mer brisée par l’étrave d’un ferry
Ivre de vin musqué, je cauchemarde à même le pont
Elle m’a dit ciao, mais pourquoi m’as-tu abandonné Cupidon ?
Vague à l’âme, vagabond, un voyage sans retour
On dit que Pétrarque aimait Laure d’un amour qui transforme la nuit en jour.
Fideli d’amore, comme vous j’appelle l’éternelle flamme qui illuminera ma nuit
Reste que mon âme a les yeux d’une femme qui jouit.
Des déserts, des océans plus tard, je lirai le grand voyage de la vie
Un père raconte à son fils, livre de Tiziano Terzani
Il m’apprendra à voir dans chaque adieu un commencement
Mémoire apaisée l’ardente étrangère du compartiment.
Extase - Pignon Ernest
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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