Au même moment arrivent au ciel un évêque et un chauffeur d'autocar.

Ils comparaissent devant le miroir suprême, celui qui montre ce que fut notre vie.

L'évêque d'un seul coup s'affole et crie qu’il y a méprise. Il vient de découvrir sur la feuille qui lui a été remise par le peseur d’âme, sa récolte d’un séjour au purgatoire. Mais ce qui attise sa colère c’est que le chauffeur en est dispensé et s’envole droit au paradis.

" Qu'est-ce qui vous fait dire que je me trompe ? " demande le peseur d’âmes.

" Mais Seigneur, c'est moi qui vous représentais sur la terre : j'étais évêque, tandis que cet homme n'était qu'un chauffeur d'autocar ! " .

Le juge des juges :

" Je le sais fort bien, mais l'erreur n’appartient pas à ce lieu Monsieur.

Quand les gens venaient pour écouter parler de Dieu dans votre église ils finissaient immanquablement par s'endormir, tellement vos sermons étaient ennuyeux. Quand les voyageurs montaient dans l'autocar de ce chauffeur, ils se mettaient tous spontanément à prier tellement il conduisait dangereusement.

Vous comprenez maintenant pourquoi cet homme va droit au paradis, tandis que vous vous faites un détour par le purgatoire ? ".