12 Août 2016
J’habite un pays qui n’existe pas
Il se trouvait au bout de l’envie de le découvrir
Quand j’ai cru l’atteindre son néant me rattrapa
Un céleste pont de tempête et de feu entre vivre et mourir.
À l’époque où je prenais lieux et gens pour leurs noms
Le petit Poucet m’avait donné des cailloux
Je me suis mis à vivre à reculons
J’avais perdu la nostalgie de l’homme debout
O Mnémosyne, captieuse déesse de la mémoire
Pourquoi fascines-tu l’homme avec tes miroirs fragmentés ?
À contre-courant j’ai dû regagner la source pour boire
À l’eau claire de l’audace et des désirs illimités.
Ici l’Albanie, je pense à mon aîné Kazantzakis,
Plage caillouteuse de la baie bleue de Porto Palermo
Le fils de Zorba m’invite à boire sans fin du raki
Un poing dressé, une main ouverte, Victor Hugo.
J’ai vu la cécité, je l’ai faite mienne,
J’ai vu la dépendance, je l’ai apprivoisée,
De la mer Caspienne à la mer Ionienne
Entre elles et moi un lien embrasé.
L’aveuglement de l’âme prend source dans l’avidité
Celle d’avoir voulu voir à tout prix la terrifiante Gorgone
Après cette rencontre l’homme fut réduit à la fixité
Sourire du Tao, la vie n’est ni mauvaise ni bonne.
Je n’ai cru ni raison, ni folie, ni sages
J’ai jeté les cailloux du petit Poucet en cheminant à travers les Météores
Je ne voyage pas pour les paysages
Ascensionnelle ivresse du santal de Mysore.
Écho de parfum ranimant des souvenirs
Fumée âcre de bois d’eucalyptus au Pérou
Comment l’Albanie, jusqu’à cette plage, m’a-t-elle fait venir ?
Vétiver d’un savon dans une douche surchauffée à Johor Bahrou.
Nostalgie de l’incréé dans un grain de sable
En face de la plage, Corfou, le colosse de Maroussi
Ô Lawrence Durrell, ô Henry Miller, dressez la table
On va trinquer ce soir et rire jusqu’à la parousie.
Trinquer pour célébrer l’éveil de l’esprit
Rire parce que la parousie vient d’un temps d’avant le temps
Royalement gaspiller sa vie parce qu’elle n’a pas de prix
Avalanche minérale, clitoris de rochers scintillants.
Thym, menthe, oliviers et ciel de mer renversé
Est-ce que le rêve invente un rêveur ?
L’autre jour, demain, la femme de lune et de miel je l’ai embrassée
Dans la forge de mon ventre tournoient des ardeurs.
Zorba surgit : « Laisse-toi inviter par la terreur sacrée »
Il me convoque jusqu’à ne plus savoir le vrai du faux
La créature est le puits sans fond du verbe qui crée
Me reste à chanter la passion et le désir avec Sapho.
Collages d'Evelyne Denize
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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