25 Novembre 2016
Australie, autre lit, austral lit
Sortie d’aéroport, pouce en l’air, désir dans les reins
Ciel en perroquets et en magpies, coup de frein
Camionneur rustre, crépusculaire soumission sociale de l’homme enseveli.
Melbourne, radiante pensée pour Daevid Allen
Sa planète Gong où volent les théières et les camemberts Electric
Son rock spatial, musical acide lysergique
Comment laver l’attention de mes poissons clowns et de mes murènes ?
Le ciel se détourne de ceux qui veulent s’en emparer
Je me crois dans la chanson légendaire de Leonard Cohen
Suzanne, encens, thé au jasmin, m’offre une bague égyptienne
« Elle te portera chance », une ombre sur ma liberté.
Penser que le destin vient de dehors, foutaise !
Sinistre imposture d’un pouvoir qui réduit l’homme debout à un animal rampant
Même avec son venin foudroyant, il ne culpabilise pas le taïpan
La vie, ni tenir, ni lâcher, de la braise.
Sept cents dollars contre une robuste Holden pour le désert
Fait si chaud qu’avant d’arriver au carburateur
L’essence se transforme en vapeur
Attente, pas d’ombre, respirer avec le minéral, rien, pas s’en faire.
À l’est, forêt primaire, végétale fraternité
À l’ouest, ma main émue sur le dos mouvant d’un wombat broutant
Volée mon égyptienne bague porte-bonheur par un auto-stoppeur clairvoyant
À la loterie du village je joue et je gagne un miroir ancien, me montrera-t-il l’éternité ?
Ville minière, trouver l’opale que personne n’a encore jamais vue
Baiame, disent-t-ils, l’Être premier donna au monde sa forme en le rêvant
Argent, alcool, sédentarisation, clochardisation d’un peuple errant
Abel et Caïn, histoire pourtant moult fois vécue.
Lové dans mon duvet, indigné, du bruit dans la tête, couché sur le sol dur
Les aborigènes en moi pleurent leur liberté
Effrontément j’appelle l’altitude bleue de l’équanimité
Pour se dire, éviter le piège mondain de la littérature.
Alice Spring, personne ne se soucie de l’insomnie des étoiles
La peur, craindre encore le loup quand il est parti
La grâce, voir le tout dans la partie
Chevaux sauvages galopant vers notre frêle abri de toile.
Qui croit encore au Serpent Arc-en-ciel à l’heure de la science ?
Ayers Rock, un inselberg de gré aux battements de cœur lent
Voir sans comprendre que toute tentative de réponse est une question s’ignorant
Abrupt pressentiment d’un holistique vertige de la délivrance.
Visite de l’ami français à Wagga Wagga
Où se cache son destin de peintre de l’océan Indien ?
Ô Tantale, ton supplice a-t-il une fin ?
Émois australs, premier ricanement rauque du kookaburra.
La poussière des pistes balbutie le son rouge du silence
La solitude accueillie n’est jamais un isolement
Perte de clé de voiture, anthracite affolement,
Rêve d’un monde qui ne ferme ni porte ni conscience.
« Chut, tu ne parles pas de notre passé à mon mari »
La belle dame rousse a acheté une respectabilité
« Katmandou, amours plurielles, psychotropes, non, non, monsieur, ça n’a jamais existé »
Maison en bois sur la plage, paradis.
Journal du soir : un crocodile a dévoré un estivant
Assis sur une ruine de mur envahie de végétation
Crapauds buffles, frôlements, sifflements, stridulations
J’écoute la stupeur framboisée des notes tragiques d’un soleil couchant.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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