23 Mai 2017
Il y a des situations qui réveillent en nous la tentation de croire que la vie nous délivre un message. Orgueil, orgueil…
Le 6 août 2017, à presque deux heures du matin, mon iphone s’éclipse de ma poche tandis que je pisse paisiblement en pleine campagne sur la nordique Ardéchoise commune de Boucieu-le-Roi. Après quelques heures de sommeil, je reviens sur les lieux, ma compagne fouille de son beau regard, fossé, asphalte et talus. Rien. Il s’est volatilisé, le bel outil de communication.
Le lendemain matin, je prends mon ordinateur sur mes genoux dans mon lit, mon petit téléphone sans internet est posé innocemment à côté de moi sur le drap.
Je fais un mouvement et il glisse par terre ; un ploc caractéristique me dit qu’il vient de choir dans un grand bol de thé brûlant. Je m’empresse de l’en
extraire, de le sécher avec un chiffon puis sur le rebord de la fenêtre bombardée par un musclé soleil d’été. Quand je le rallume, il bug, il ne veut plus remplir le rôle que la technologie moderne lui a offert.
Avouez, la tentation de lire un message de la vie est grande tant elle semble avoir mis de l’acharnement pour me déconnecter et m’isoler de ce qui est
loin. « Se souvenir que la communication c’est l’art de rapprocher ce qui est loin mais aussi d’éloigner, souvent, hélas, ce qui est près. »
Deux téléphones de perdus en 24 heures, qui dit mieux ? Mais comment vivions-nous avant ? Et puis, et puis, si quelqu’un en relation avec mes projets — télévisuels — auxquels je tiens tout particulièrement m’appelait et ne pouvait pas me joindre, ne choisirait-il pas une autre personne qui ferait z'également l’affaire ?
Eh bien, décidément cette double perte prend de la place dans mon espace vital et me fait cogiter, révélant des inquiétudes enfouies et des promptitudes à croire n’importe quoi. Arrêtons, monsieur Brouillaud, la machine à tout interpréter.
Dieu, la vie, mon inconscient, le diable, comme magnifiques acteurs et moi comme victime qui devrait entendre un enseignement, auraient agi pour me montrer quelque chose. Pfff ! Foutaise. Un peu de distance, d’humilité, d’humour avant tout, et faire avec ce qui est, sans introduire d’explications et de pourquoi.
Un iphone fugueur et un simple portable suicidaire, voilà la vérité vraie ou presque !
La vie, un chemin sans pourquoi.
Et je rajoute un peu d’humour poétique, celui de mon amie et fidèle correctrice Evelyne Denize :
« Une idée fleurit dans ma tête : ton iphone s'enfonce voluptueusement dans l'herbe, il disparaît à la vue, commencent à pousser des racines, et au printemps prochain, le talus se trouve couvert d'une superbe floraison d'iphones, le dernier cru de l'année évidemment. »
PS :
Je dispose à nouveau d’un téléphone, même numéro, à surveiller du coin de l’œil pour voir s’il n’a pas quelques véléités fugueuses ou suicidaires ! Et au printemps prochain j’irai cueillir la nouvelle mouture d'iphone sur les talus de Boucieu-le-Roi si toutefois la prophétie d’Evelyne s’accomplit !
Laissons de la place à la fantaisie...
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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