2 Juillet 2018
Le train roule plein ouest
Le cheminot me dit : t’as pas l’air bien
Chez elle j’ai oublié plus que ma veste
Je ne réagis pas et je serre les poings.
Un passager : « Laisse tomber, à chaque fois que tu crois gagner tu perds
Fais la paix avec toi-même et oublie »
Une blessure ça ne se retire pas comme un imper
Il ne suffit pas de déployer un stupide parapluie !
Provoc, avec un geste significatif, je réclame un rail au cheminot
« Pas de cocaïne ici, avez-vous un billet de transport ? »
« Hé mec ne sois pas parano ! »
Jean, chapeau, ceinturon — manque le flingue ! — dans mes bottes mon passeport.
Phosphore dans ma tête I ride alone de Lee Clayton
Exquis poison crépusculaire d’un blues électrique ténébreux
La peau musquée de la nuit lâche des phéromones
Un penchant certain pour l’ambiguïté, les paradoxes et les demi-jours vénéneux.
Je sais, c’est pas bon, mais reste que ressasser est un palindrome
Quel monde ! l’amour au pluriel se féminise
J’ai misé sur le mauvais canasson à l’hippodrome
L’amour au singulier m’a entraîné dans la mouise.
« Vouloir libère, subir opprime »
Dans ma pénombre du dedans ainsi me parle Zarathoustra
Quand je suis, comme maintenant, trop appelé par la déprime
Mais si je nourris sa gueule vorace, tout cru elle me bouffera.
Un prédicateur des rues crie: « Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris »
Ces putains de chiens m’aboient dessus, ils défendent leur propriétaire
Pourquoi les vagabonds attirent-ils autant de mépris ?
à force de ne pas être aimée la terre finira par exprimer sa colère.
Je cherche l’oubli, je bois du Bourbon
Je rencontre l’hologramme de Platon dans une taverne
Inquiet, il me demande si je n’ai pas perdu la raison
Quand je fais allusion à l’allégorie de la caverne.
Gueule de bois. Court vers moi un ballast arc-en-ciel de jazz séminal
Vorticité du vivant, ascendance des émotions et des idées
Horreur ! les pompiers repêchent un répugnant cadavre du canal
Ô mort hideux tu aurais pu penser à ceux qui te verront avant de te suicider !
Avec Dieu on s’est reconnu dans les yeux fardés d’une vache
Désormais ne jamais oublier que je suis la cible que je vise
Vivre, avec ou sans cravate, mais plus de carotte, plus de cravache
Plus jamais la loi du talion, ni devise, ni église.
Moi, une nudité intégrale habillée des autres
Quand je jouis dieux et diables se taisent et se prosternent
À la tienne hologramme de Platon, ou plutôt à la nôtre
Mais tout en trinquant, peux-tu me dire pourquoi as-tu oublié la caverne ?
Ballast à grandes enjambées, rail de train, rail de cocaïne
Dans les champs qui défilent les vaches sont redevenues des vaches
Abysses, labyrinthes, lacis, méandres, énigme féminine
Ô Zarathoustra, on peut le dire, à la soupe populaire j’ai perdu ma veste et pris une bâche.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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