14 Février 2020
Prières et tropismes gourmands des phéromones
Ne peuvent ébranler sur leur piédestal les madones
Mais tourmenter, tournebouler la cervelles des hommes, oui
De ceux qui n’entendent plus la tachycardie du saint Aujourd’hui.
Dans toutes les langues, dans tous les règnes la vie fredonne :
Prends tout ce que la vie donne
Et donne tout ce que la vie prend
De l’héliotrope à la marguerite, en passant par l’oursin, écoute, apprends.
Viatique, verte vigilance vierge et amoureuse
Aucune philosophie ne transmet la suavité d’une glycine ou d’une tubéreuse
Aucun mot n’insuffle la saveur d’un fruit
L’obscurité est le soleil lui-même quand on a peur de la nuit.
Le bonheur, quoiqu’il advienne, évidence que nous sommes infailliblement à la bonne heure
Le malheur, croyance que nous sommes à la mauvaise heure
De Mombassa à Rangoon, de Lima à Lisbonne,
Nulle part, nulle part il y a maldonne.
Elle est de Bucarest, se veut libertine
Dans la doublure de sa veste, de l’ivresse clandestine
Afghanistan, la seule évocation de ce nom lui donne des frissons
Une boule de charas de Mazar-e Charif lui confère des visions.
Steppe, poussière, mémoire et âpreté du vent
Vénéré tombeau d’un obscur saint errant
Il voyage alors des plages désertes de la mer Baltique aux bazars du Bangladesh :
À la source des fleuves les héros sumériens t’ont-t-ils livré le secret, ô Gilgamesh ?
Bangkok, cité des anges, peaux et soieries
Il faut se baisser pour entrer dans les ors et les rouges de la fumerie
Opium, vision de la divinité du hasard avançant les yeux bandés sur une roue ailée
Rêve, es-tu de la même nature que cette fumée inhalée ?
Voies d’eau, nénuphars, tourterelles
Il se repose sur un banc bleu intense du jardin Majorelle
Récurrence d’une vision, un orphelin assis au pied d’une altière colonne
Est-ce lui, lui aux temps lointains de Babylone ?
Torah, Avesta, Bhagavad Gita, Vedanta
De sa besace il a pris toutes ces écritures sacrées, il en a fait un tas
Et tous ces mots inspirés en brûlant l’ont enfin invité
À ne plus jamais chercher à s’abriter.
Exténué par la raison, les oraisons, les délires
Sur une falaise il créa un ermitage, les pierres se placèrent d’elles-mêmes au son de sa lyre
Quand il franchit le seuil, murs et toit disparurent
Et depuis ce temps il murmure :
Homme, fossoyeur de la joie naturelle
N’oublie jamais que du malheur tu tiens la pelle
Donne tout ce que la vie prend et prends tout ce que la vie donne
Nulle part, nulle part il y a maldonne.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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