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On verra ça plus tard...

On verra ça plus tard...
On verra ça plus tard...
On verra ça plus tard...

La Lune, perle d’ambre, adoucit les ombres de la médina,

Elle saupoudre de miel les tuiles vertes de la mosquée.

Sommes-nous à Fès, à Tétouan, Marrakech, Chefchaouen ?

 

Donner un nom à un lieu c’est le rendre étranger à soi.

 

Jasmin, fleurs d’orangers, fontaine et caresse des cordes d’un oud,

Si le paradis existait, ce serait un jardin de parfums et d’harmonies sonores.

 

Amour adultère dans un fondouk,

Entre lit et ruelles entrelacées du souk,

Entremêlement de carrioles tirées par des hommes entravés,

Braiements d’ânes bâtés,

Martellements en rythmes affolés des dinandiers

 

Nous baisons, debout, couchés, par terre,

À l’endroit, à l’envers,

Sur les tapis berbères, sur le lit en guerre,

Dans le chaud décor tadelakt de la douche,

À confondre jour et nuit,

Rêve et veille.

 

Le soyeux de ton grain de peau m’exile de la dureté du monde.

 

Le feu étouffé, nous musardons d’échoppes en terrasses,

De thés en cornes de gazelles,

À peine réanimé, nous suivons sa trace.

 

La fermeture éclair glisse, ta robe s’ouvre,

Robe de neige étincelante et de grenades éclatées.

 

Tu murmures :

« Aimer sans foutre est peu de chose,

Foutre sans aimer ce n'est rien. »

Mutine, tu nommes Jean de La Fontaine,

Je ne m’étonne pas plus que cela,

Le désir de toi me rend sourd à la culture.

 

Ta robe tombe en flaque à tes pieds.

 

Arcades, zelliges, mausolées, moucharabieh,

On verra ça plus tard,

Le vol rasant des hirondelles sur les remparts,

On verra ça plus tard,

Le lait d’amande, les milk-shakes d’avocats,

On boira ça plus tard,

La pastilla de pigeon, les makrouds et les baklavas,

On goûtera ça plus tard.

 

L’urgence, c’est ta peau qui crie aime-moi.

 

Ici plus qu’ailleurs, les maisons cachent l’intime,

Ce qui ferait honte ne doit pas sortir en habit tapageur dans la rue.

 

La médina bouillonne, bourdonne, bouscule, bourgeonne,

Bouis-bouis, boulangers, bouchers, brocanteurs, bric-à-brac.

 

Je t’offre une robe verte.

Le marchand accaparant dit :

 

 « Madame, le vert c’est la couleur de l’espoir ».

 

Autour d’un verre d’orange pressée

Ou peut-être la bouteille de vin sortie d’un cellier de Meknès,

On se demande si le manque de pâturages dans le désert

N’a pas fait de la couleur verte celle de l’espoir.

 

Ta robe verte tient toute ses promesses.

 

Le muezzin crève les tympans du ciel.

 Un chaabi grésille d’un haut-parleur criard.

 

Tandis que tu t’endors, je remonte le film,

Ouarzazate, petites fleurs des euphorbes, 

Ombre exquise de l’acacia dans le désert,

Ondulations des dunes blondes,

Chants du sable,

Djebel mauve dans le lointain,

Ksar, villages de terre fondus au gris du paysage,

Frissons d’interdits en marchant dans les ruines du mellah nocturne…

 

Au pied du lit, ta robe verte.

 

Je t’aime.

 

On verra ça plus tard...
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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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