Coupe du bois, routard, et fais du feu,

Les nuits d’hiver sont fraîches à l’ombre des géants,

Fume l’herbe, joue de la flûte, abats ton jeu

Fait danser Shiva, rire Radha, ne patauge plus dans le néant.

Dans la rue des cochons un magicien,

Sur une place des hommes égorgent des buffles et recueillent le sang,

A Swayambunath, dans leurs trompes ils soufflent leurs âmes les Tibétains,

C’est pour un ciel inventé que je brûle des fagots d’encens.

S’accroche à mes genoux une fillette de sourire et de haillons,

Je me sens plus pauvre qu’elle devant le cru de son dénuement,   

De ma musette rapiécée je lui donne roupies et bonbons,

Qui est le mendiant ? celui qui reçoit ou celui qui se ment ?

Ici couchent ensemble profane et spiritualité,

Comme le dit le sâdhou couvert de cendre : « le lotus croît dans la boue, »  

J’ai vingt ans, je ne parle que de liberté,

Je vient tout juste de réaliser que le monde n’a pas de bout.

Vertige ! Si rien ne finit, où ça commence ?

Chevelu, planant, en guerre avec les tabous,  

Je voudrais oublier mes racines de France,

Mais on ne trouve pas la paix parce qu’on est à Katmandou !

ici ça va, ca vit, ça meurt, ça rit ça pleure,

plus de visa, je joue à cache-cache avec les autorités,

A Ganesh j’offre de l’encens, des prières, du beurre,

Athée contrarié, dans les temples je salue les divinités !

C’est une époque où tout le monde joue à s’aimer,

Plus de hiérarchie, plus d’argent, des fleurs autour du cou,

recherche de l’abolition du temps dans la fumée,

C’est sûr, il y aura un avant et un après Katmandou !

Musc amusé des muqueuses, harangues des langues qui tanguent,

 Géographie sensorielle plus qu’histoire des corps,

Haschich , musique, thé, mangues,

katmandou mon amour je vibre sur tes accords.

Amsterdam, Chitral, Matala, Goulimine, Goa, Pokhara,

Il faut avoir vu ces lieux pour être reconnu par la famille routard,

Des menottes, une reconduite à la frontière, pour moi le Népal ça suffira !

En bord de route on célèbre la soif de vivre en caressant corps et guitares.

C’est terminé Jean-Pierre les chemins de Katmandou,

Routard oublie la route,

Dans ton jeu cherche d’autres atouts,

Depuis belle lurette peace and love ont faits banqueroute !

Katmandou c’est fini,

Et dire que c’était la ville de mon premier amour,

samsara, nirvana, kundalini,

Dans ma musette bariolée me reste des effluves de troubadours.