24 Janvier 2015
Assez souvent, dans les histoires les plus anciennes, avant que ne surgisse le dualisme occidental, les choses apparaissent comme inséparables. Cette notion, qu'on appelle quelquefois l'interdépendance, est par-delà toutes les cultures et les formes religieuses cela même qu'enseignent tout les hommes de sagesse:
L'objet regardé ne peut pas être séparé de celui qui le regarde.
De nombreux textes, anecdotiques ou poétiques, ont longuement insisté sur l'unité et "l'inséparabilité" du monde, l'un dans le multiple, concept aujourd'hui fondamental dans la science la plus avancée, la plus rigoureuse.
Une histoire indienne montre un homme, disciple d'un Maître célèbre, qui ramasse du bois dans une forêt. Il entend un grand fracas et voit accourir un éléphant déchaîné, qu'un cornac s'efforce vainement de maîtriser.
- Sauve-toi ! lui crie le cornac. Ecarte-toi ! L'éléphant est devenu fou !
Le disciple, à qui l'on avait appris que la divinité, en l'occurrence le dieu Vishnu, se trouve en toutes choses, laissa l'éléphant se précipiter vers lui et ne bougea pas.
- Mais écarte-toi ! criait le cornac. Sauve-toi ! Je ne peux pas contrôler l'éléphant !
Au lieu de s'écarter, l'homme se prosterna devant l'éléphant furieux. Celui-ci le saisit avec sa trompe et le projeta violemment contre un arbre.
L'homme tomba sur le sol, brisé, ensanglanté. On le transporta dans un hôpital. Son maître vint le voir et lui dit :
- Mais pourquoi donc tu ne t'es pas écarté ?
- Maître, je me suis rappelé votre parole, que Vishnu est en toutes choses. Je me suis incliné pour saluer le dieu, qui était évidemment dans l'éléphant.
- Malheureux ! lui dit son maître. Pourquoi n'as-tu pas écouté le cornac ?Vishnu était aussi dans sa voix !
Histoire tirée du cercle des menteurs, livre de Jean-Claude Carrière
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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