9 Décembre 2012
Ma rencontre l’an dernier via les radios France inter et le Mouv' avec Antoine vagabond du rail - un jeune aveugle voyageur, risque de modifier considérablement mon rapport au déplacement en tant que personne dépourvue de vision. Antoine voyage avec son chien guide Ugo. Jusque-là je n’avais jamais envisagé un compagnon à quatre pattes. Mais tout change, les films que l’on se joue sur notre écran interne ne sont jamais identiques, heureusement, ou s'ils le sont, il est grand temps d'en changer avant que notre rapport à la vie tourne à la déprime et autres acédies.
Aujourd’hui j’aspire à marcher en binome, un binome à six pattes !
A Villefranche sur Saône, où je me rends fréquemment, se trouve l’école de Chiens-Guides du centre sud-est, à Miserieux, dans le département de l’Ain. J’appelle, je questionne, je monte un dossier médical, et maintenant j’attends que ces gens, aggrandisseurs d’autonomie pour les personnes privées de la vue, me contactent.
L'autre jour, je marchai avec Leïla ,ma fille, dans les rues de Villefranche. Avec son sens de l'humour bien à elle , plutôt pince sans rire , elle me dit :
" Papa il y a une exposition d'aveugles et de chiens sur le trottoir, tu veux aller voir ça ? "
Nous nous dirigeons vers ces gens avenants qui sont là pour faire connaître au plus grand nombre l'école de Chiens Guides.
Je m'arrête et parle avec un homme non voyant qui se déplace depuis trois ans avec Canelle, une jolie chienne de race Labrador qui lui a été donnée par l'école de chiens guides de Misérieux. Il est intarissable quand il parle de la liberté retrouvée grâce à cette jolie chienne toute frémissante de sensibilité.
« Avec un chien guide comme Canelle on peut enfin se déplacer sur tout les terrains, sur les sentiers de montagnes, certes auparavant repérés avec une personne dotée de la vue, en ville, évidemment, et même dans les transports en commun.
La gratitude de mon vis-àvis est contagieuse. Son enthousiasme augmente mon désir de ne plus avoir d'obstacles à contourner avec une canne blanche. Il faut dire que les villes d’aujourd’hui présentent beaucoup plus de poteaux et autres barrières qu'il y a une vingtaine d'années. Et il y a un autre danger potentiel, les voitures qui font de moins en moins de bruit, progrès notoire en terme de pollution sonore, mais risque d'accident supplémentaire pour un aveugle.
Joël Souvy, (c'est le nom de l'homme avec qui je dialogue sous une petite pluie fine) termine actuellement avec un ami un DVD dont voici la jaquette et le texte de présentation. Ce DVD sera prochainement en vente et les bénéfices seront entièrement reversés à l'école de chiens-guides, car l'éducation et le suivi d'un chien-guide pendant les dix années de bons et de loyaux services qu'il rend à son maître revient à dix euros au quotidien
Ebauche de la jaquette du DVD Voici le texte de Joël Souvy à l'intérieur de la jaquette :
Un chien guide et son maître, une complicité fusionelle !
Ayant défié depuis mon enfance les nombreux obstacles et difficultés liés à un handicap visuel sévère, je redoutais puis fus confronté aux contraintes de la cécité.
Ayant perdu mon autonomie et mon havre de liberté, ce corridor abyssal et hostile ne me proposait aucun repaire, me rendant indisponible pour les proches et pour moi-même.
L’expérience de la canne blanche fut très éprouvante psychologiquement et m’autorisait quelques brefs déplacements laborieux, limités et sans horizon!
C’est alors que je rencontrais l’équipe de l’école des chiens-guides de Lyon qui de suite m’a réconforté et laissé envisager une solution beaucoup plus lumineuse et positive qui s’est avérée telle, mais bien au-delà de tout ce qui m’avait été évoqué, de tout ce que je pouvais espérer et imaginer !...
Le 24 juillet 2009 restera pour moi une journée chargée d’émotions.
A l’instant où ma mère me disait adieu, l’équipe du docteur Daniel Manin président de l’école des chiens-guides de Lyon avec Romain pour éducateur, Danielle et Sylvain Caunes pour famille d’accueil, entouré de ma famille et amis, me confiait à Cannelle.
Pas une seule personne de l’équipe ne m’avait dévoilé que dans le paquet cadeau Cannelle se cachait, en surcroit de l’autonomie retrouvée, de la sécurité dans mes multiples déplacements, des rencontres, un bonus qui est le bonheur au quotidien…
Par ses performances, sa vigilance et sa générosité, Cannelle ma belle étoile, me guide au quotidien tant en ville que sur les sentiers de montagne et participe à la plupart de mes activités , son accessibilité en tous lieux ne posant aucun problème…
De tout cœur, merci à toutes les personnes qui œuvrent au sein de la fédération, de l’école de Lyon par leur travail, leur disponibilité et leur générosité, qu’elles fussent professionnelles ou bénévoles et bien sur donatrices !...
Joël Souvy
Je vous demande amis « es » de bien vouloir faire circuler cette information, svp, des aveugles comme mézigue ont envie de marcher à six pattes pour retrouver leurs ailes cachées d'avant la cécité !
Une fois de plus, grâce à la solidarité, les choses peuvent voir le jour. Et ce qui voit le jour pour un aveugle c'est extrêment précieux !
Merci à vous tous.
Donc vous pouvez écrire à Joël Souvy :
Typhlophile ?
Non ce n’est pas le nom d’un chien, ni celui d’une race de chien, pourtant admettez qu’appeler son chien typhlophile, évidemment de manière ostentatoire, dans une rue d’un quartier branché, ça ferait, disons un genre!
En fait c’est un mot Grec. Décomposé il signifie : celui qui aime les aveugles.
Quand on découvre la puissance du lien qui unit une personne non-voyante à son compagnon à quatre pattes, on peut avoir envie d’appeler ce dévoué guide : typhlophile, surtout quand on chéri les mots et leurs origines !
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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