10 Juin 2016
« J’aimais, j’étais debout dans le songe éternel »
Quand un poète s’éteint, une étoile diaphane apparaît
Un astre se dévoilant aux hommes inspirés
Quand un poète s’éclipse, s’effondre la tour de Babel.
Un poète ça ne compte pas ses pieds
Ça marche sans protection pour réunir ciel et terre
Ça respire même au large de ses poumons pour célébrer le mystère
Chaque fragment de ses paroles chante l’entier.
La maison du poète n’a pas deux pièces
Celle de la vie et celle de la mort sont mêlées
Pas d’incompatibilité, tout y est alliances ailées
D’une fontaine claire-obscure jaillissent tristesses sombres et écarlates liesses.
Les rimes sont effloraison de maturité
Comme chaque vague elles sont salées comme l’océan aux inquiètes occurrences
Rapprochant amoureusement être et apparence
La mésange a-t-elle appris à chanter ?
Thalès de Milet demandait : Qui précède l’autre, le jour ou l’obscurité ?
Facétieux, le poète réplique : La nuit est en avance d’un jour
Mais qui veut faire ce voyage dans l’ignorance sans retour ?
L’or brun d’un froissement de bambou révèle l’immobilité.
Quand il est debout et sans attente l’homme contient l’univers
Un poète ça meurt mais jamais la poésie
Connaît cette évidence celui qui a sobrement bu l’ambroisie
Un tel homme ne va plus vers.
Ô divin escroc, voleur de feu, ô Prométhée toi qui enseigne
Et montre la voie inspirée qui ne sépare plus le jasmin de la turquoise
Vois, l’élégie indigo de la nuit ardéchoise
M’abîme dans une nostalgie de parenté avec tous les règnes.
Yves Bonnefoy, toi qui es debout dans le songe éternel, la radio annonce ta mort
Le journaliste prétend savoir ce qui est, n’est pas, n’est plus
Il a lu la carte mais il n’a même pas goûté au menu
Hafez, Prévert, Ferré, Brassens, Rûmî, Saadi, Kalil Gibran, Tagore.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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