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Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.

Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.
Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.
Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.

Frontières, bornage pour montrer à l’autre qu’il est étranger

Ô douanier servile, mon passeport ne révélera jamais ma véritable identité

Le grand Inca, Atahualpa, ils l’ont tué, mais rien ne les dérangeait.

Paradoxal Pérou, océan Pacifique et terres ensanglantées.

 

Masqués de religion et de savoir, jadis, les conquistadores

la noire guérilla, aujourd’hui, se prétend sentier lumineux

Derrière les idéaux, toujours du sang versé pour de l’or.

Les Évangiles parlent d’amour, les hommes sont haineux.

 

La bouée ? Toujours pousser un désir devant soi

En voulant le satisfaire, à son insu le naufragé se relève

Sexe, pisco et marie-juana, mémorable gueule de bois.

Âcre fumée d’eucalyptus, sur les Andes grises un jour neuf se lève.

 

Autocar, vitre brisée, un col à cinq mille mètres

La neige s’amoncelle sur mes genoux, des croix annoncent les morts

Et si ce que nous appelons le monde n’était que l’écho de notre peur d’être ?

La route est tueuse, au-dessus du ravin veille un condor.

 

Ayacucho, dès potron-minet, une bombe explose

Remontant de mon enfance, les exilés dans la forêt de Mayne Reid

Ce livre qui m’a tant fait rêver, enfin en actes je l’ose

Demain, un mot pour dire notre cacochyme besoin d’espérer.

Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.
Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.

Ayahuasca, arborescence de visions iridescentes

En langage chlorophyllien la forêt me crie : l’âme a son nid

Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante

Boue, bottes, treillis, machettes, hamac, Amazonie.

 

Elle a un corps de cuivre et d’oiseau inquiet la belle Indienne

La vie n’a pas de carte, pourtant nous avons des boussoles

Des yeux partout sur sa peau de vigilance et d’obsidienne

Païtiti, la cité d’or, me dit-elle, est une parabole.

 

Abstrus rêve de ma mère enterrée dans une jardinière

Nuit d’insomnie dans un bordel baroque sur pilotis branlants

« No señora, je ne paie jamais les choses du sexe », je suis trop fier

Cent ans de solitude, quel roman !

 

Dix campesinos fusillés au nom de la révolution.

Cris de roc, flore en deuil, faune en fuite

Le silence claque plus fort que les balles qui ont troué leurs fronts

Je dégueule de la bile, je ne peux accuser aucune cuite.

 

Je suis une graine de poète qui va nulle part

Démesure je t’aime, mais parfois tu me files la trouille

Pourquoi les hommes construisent-ils de partout des remparts ?

Il n’y a pas de princesse dans les citrouilles.

 

Travail, famille, patrie, je ne veux pas, je ne veux pas

J’ai vingt ans beugle mon passeport

J’aimerais qu’éclatent des bulles de joie sous chacun de mes pas

Crise de malaria sur une paillasse pouilleuse dans une païenne aurore.

Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.
Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.
Le caïman ne connaît pas le nom du rio où il fainéante.
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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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