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Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier

 Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier
 Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier
 Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier
 Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier


Quand l’amour-propre lui conseilla de laver son linge sale,

Il découvrit, un tour du monde plus tard, combien l’humanité pouvait être vénale ;

Autour de lui, au nom de la bienveillance, ils étaient tous prêts à lui vendre leurs savons,

Thérapies, bien-pensance, loi, religions.

 

« Pourquoi venez vous en Israël, monsieur ? »

« Pour faire l’amour mais pas qu’avec les cieux. »

Interrogatoire, fouille intime : le pays est en guerre, les douaniers contrôlent tout,

Désormais notre ami ne se prend plus pour le petit chaperon rouge, il n’a plus peur des loups.

 

Au bord du Jourdain, un vieil homme vêtu de peau de chameau l’interpelle,

Ensemble ils se régalent de miel sauvage et de sauterelles.

« Je suis Jean le Baptiste, je lave les péchés des hommes. »

Furieux il se lève et dit : « Ah, toi aussi tu me parles de l’amour propre, en somme ! »

 

Craignant ni pluie de soufre ni pluie de feu, auto-stoppeur, il questionne le chauffeur :

« Qu’avez-vous fait de Sodome et de Gomorrhe, version avant la peur ? »

Pour toute réponse il reçoit une bordée de malédictions et d’anathèmes,

On ne rit pas ici avec profanations et blasphèmes.

 

« Sorry, Loth, même si je regarde en arrière, tu ne me transformeras plus en statue de sel,

Garde pour toi ton chantage, tes boniments et tous tes missels. »

Jérusalem, sur le tombeau du Christ, il allège de ses dollars un pèlerin,

Faut dire que sa mère se lamentait déjà chez les voisins que son fils était un vaurien.

 

Sinaï, dunes de silence sans Moïse et sans buisson ardent,

Une tempête de sable, même le dromadaire serre les dents.

Sous le turban son ami bédouin a des allures de roi :

« Les hommes prient un dieu qu’ils ne voient pas et humilient la nature qu’ils voient. »

 

À Bethléem, il interroge le destin, assis sous un oranger :

« Je suis toi, lui répond t-il, parle-moi et tu fais de moi un étranger.

Regarde, le moi espère toujours rejoindre quelque chose qui l'épanouirait en le complétant.

Le moi te rend mendiant, pourtant prince tu es quand plus rien tu n’attends. »

 

Kibboutz, frontière libanaise,

De jeunes volontaires scandinaves, braise et baises,

Encore émues par le souvenir des peaux qui se mélangent.

Dans le feuillage frissonnant, à l’aube naissante, ses mains cueillent des oranges.

 

Ne plus craindre les sirènes de la peur, ensoleiller les ténèbres,

Voilà les soirs de solitude aux plaies mauves ce que murmurent ses lèvres.

Sur une plage de la mer Rouge il dérobe une barcasse pour rejoindre l’Arabie,

Rattrapé par les garde-côtes, dans une geôle surchauffée un temps il croupit.

 

À Haïfa une femme livre lui ouvre ses pages,

Son rabbin de père flairant qu’il n’est pas juif le jette dehors, dommage !

Clandestinement il s’embarque alors sur un rafiot suranné

Et vomissant sa rage par-dessus bord, traverse la Méditerranée.

 

À Delphes, plus de Pythies, plus d’oracle.

Devant un sixième ouzo il s’interroge : c’est quoi le miracle ? c’est quoi le miracle ?

Au fond de son verre le glaçon lui dit : « fais comme moi, fonds,

Deviens ce avec quoi tu es en relation. »

 

Au septième ouzo l’amour propre se tait enfin,

Plus besoin d’intermédiaires, ni de séraphins,

Il rencontre jongleurs, dresseurs d’ours, diseuses de bonne aventure, violonistes.

Macédoine, Albanie, Monténégro, Kosovo, la vie d’artiste.

 

Inspiré par Poséidon, il se découvre un esprit épistolier,

Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier

Une lettre aux abysses pour se délester

Et rendre aux seiches l’encre que l’homme leur a escamotée.

 

Père, tu voulais faire de moi un soldat,

Mais les armes, l’obéissance aveugle, ce n’était pas mon dada ;

Tu souhaitais que je poursuive ce que tu avais commencé,

Mais non je ne pouvais pas marcher au pas cadencé.

 

Mère, tu voulais que je sois comme il faut,

J’ai toujours été la brebis galeuse dans le troupeau ;

Faut dire que tes voisins, tes amis, ne me faisaient pas envie,

Les soirées télé, les repas du dimanche, les dialogues de sourds… non merci.

 

Prof, tu m’apprenais des dates, des règles, des théorèmes,

Je ne retenais que les noms comme Narmada, Nil, Orénoque, Prévert ou Carême,

Mon cœur ne respirait qu’au large de la poésie et de la géographie.

Désolé, d’un futur libre j’avais la nostalgie !

 

Avant d’aborder la terre d’Epictète

Je savais que j’étais en quête,

Mais un glaçon dans un verre d’ouzo m’a indiqué le chemin,

Celui qui fait que je ne suis plus étranger à mon destin.

 Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier
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 Sur la mer Adriatique il écrit avec un rameau d’olivier
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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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Y
A mon tour de le dire, à propos de ce texte, mon cher Jean-Pierre : là commence ma jalousie !
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