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Celui qui poignarde son ombre est-il un assassin ? 

Celui qui poignarde son ombre est-il un assassin ? 
Celui qui poignarde son ombre est-il un assassin ? 
Celui qui poignarde son ombre est-il un assassin ? 
Celui qui poignarde son ombre est-il un assassin ? 

Il pleuvait dru, sans réfléchir la salle de cinéma j’ai fui, 
« I'm going where the sun keeps shining »   Harry Nilsson était en train de chanter, 
C’était comme si la chanson de « Macadam Cowboy » m’appelait dans la nuit, 
D’un seul coup je n’avais plus besoin de croyances ni de lieux pour m’abriter. 

 

Du zoo humain à double tour j’ai fermé la porte derrière moi, 
Pour guides, une intuition, les lucioles, les yeux des loups et des hiboux, 
Sexe, drogue, rock and roll, foi, indéfendable foi, 
Enfin nomade, enfin hors-la-loi, foi en rien, foi en tout. 

 

D’un seul coup sous mes pieds, plus rien. Plus de dos, plus de visage, 
Sur la route de soi, sensation d’être un caravansérail, 
Hommes de bien, malfrats, prostituées, bouffons, vendeurs de tapis, sages, 
Trop amoureux du pressentiment de la grande fresque pour s’égarer dans des détails ! 

 

La route circule et bat sans fin dans mes artères, 
Ni perse ni afghane, elle vient de nulle part, va nulle part, 
Furie géologique poussant les volcans hors de terre, 
Comme le disait la chanson au cinéma : pour un endroit où le soleil continue de briller je pars. 

 

Quand ils croisent mon regard, les passants me scrutent avec méfiance, 
Justice ! celui qui poignarde son ombre est-il un assassin ? 
Hérétique, je ne crois ni au bonheur ni à la chance, 
« Macadam Cowboy », plus seul qu’une ombre, la salle de cinéma est déjà loin ! 

 

Autour de moi les hommes ont des yeux à travers lesquels ils ne voient pas, 
Ils ont des corps aussi, mais ils marchent à côté, 
Peur et profit les font boiter à prudents petits pas, 
Le dieu qu’ils engraissent avec servilité a pour nom sécurité. 

 

Leurs rêves délavés ont tout au plus la taille d’objets à acquérir, 
Leur course au bonheur est une paire de menottes en or, 
En arrière-plan de tout ce qu’ils n’osent pas faire, la frousse de mourir, 
Ils ne se laissent pas désirer par la vie, trop peur de la mort. 

 

Vaine prétention d’une niche sociale pour devenir quelqu’un, 
Pour exister dans le regard éteint des autres, ils se mettent en cage, 
Paraître, paraître pour ne pas être ce rien que montre chaque matin, 
Le ciel est toujours bleu de l’autre côté du nuage. 

 

Émerveillé comme Mozart écrivant son « Requiem », 
Nu, je me suis offert au courant, 
La vie m’a fait un croc-en-jambe en criant je t’aime, 
Eau, soleil, air, vous êtes devenus mon visage, mes vrais parents. 

 

Qui vient nager avec moi dans la rivière de lune en folie, de jazz ombreux et argenté ? 
Il y a cinq cent mille ans, l’homme connaissait déjà le feu à Zhoukoudian, 
Aujourd’hui avec la vanité, la technologie, il prétend à l’immortalité, 
Mais qui de ces savants connaît l’incomparable saveur du maintenant ? 

 

Dehors une forêt de pluie, pourtant le cinéma j’ai fui,
Du dedans, du dehors, tous les cinémas j’ai quitté,
Comme un étranger dans la ville, plus seul qu’une ombre je suis,
Comme un étranger dans la ville j’ai perdu mon identité.

 

Celui qui poignarde son ombre est-il un assassin ? 
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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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Y
En voilà une bonne nouvelle ! Et, toujours aussi bien balancé mon frère !!!
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