J’aimerais composer une chanson

Que siffleraient les oiseaux, les maçons

Une mélodie en bulles de champagne

Qui créerait des palais, pas qu’en Espagne !

J’aime les glaces les filles et les tropiques

Mais pas les femelles moustiques qui trop piquent

Pas de vache dans mon thé s’il vous plaît

Dans le sein de ma mère y’avait pas d’lait.

J’aime les siestes à deux, les panamas

Mais pas les hivers, même au cinéma

L’amour qui fait swinguer le hamac

Les crocos qui ne finissent pas en sac.

Avoir l’audace d’aimer ce que l’on n’aime pas

C’est ce que me disent chacun de mes pas

Quand je marche à ton bras, Eva

Et que l’on ne sait pas où l’on va.

J’aime la peau des hippos nyctalopes

Les lettres d’amour qui désertent leur env’loppe

Les escales imprévues aux Antilles

Mais pas trop les cailloux dans les lentilles.

J’aime les vers mais pas les solitaires

Les lucioles qui se moquent des réverbères

Le chant des baleines de parapluies

La lune rousse piégée dans un puits.

J’aime les rivières qui sortent de leur lit

L’enthousiasme des gamelans à Bali

Les mots qui éclosent dans mon cerveau

Pour célébrer le bon et le beau.

Avoir l’audace d’aimer ce que l’on n’aime pas

C’est ce que me disent chacun de mes pas

Quand je marche à ton bras, Eva

Et que l’on ne sait pas où l’on va.

J’aime pas les pyjamas tue l’amour

Les topinambours, les tapins d’Hambourg

Encore moins les camemberts d’Ambert

Mais les calembredaines à Berck-sur-Mer…

J’aime pas la résistance des pistaches

Les léopards qui se tuent à la tâche

Les plantes carnivores végétaliennes

Ni les calembours qui se retiennent.

J’aime pas les baklavas au Calva

Ni les tangos que l’on danse à Java

Les réveils avec torticolis

Les anesthésies en Anatolie.

Avoir l’audace d’aimer ce que l’on n’aime pas

C’est ce que me disent chacun de mes pas

Quand je marche à ton bras, Eva

Et que l’on ne sait pas où l’on va.