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A pied, en stop, train ou bateau...

  

Avec Jean-Claude on s’est perdu de vue une vingtaine d’années, sa vie monastique et mes voyages finirent par se croiser et il me remit cet article que j’avais oublié.

 

Article du journal Ouest-France en date du 19 Avril 1978, en page 7.

 

A pied, en « stop », train ou bateau : Un an de voyage dans le monde pour un aveugle angevin et son ami.

 

« … Les voyages : c’est une drogue. J’en avais marre de la mentalité, de l’hypocrisie des gens, ici. J’ai décidé d’aller voir ailleurs… » : ces propos je les tiens de la bouche de Jean-Pierre Brouillaud, âgé de 21 ans, dont la famille habite une petite ferme, « La Varie », à La Meignanne (Maine-et-Loire).

Il est atteint de cécité depuis l’âge de deux mois et demi, par suite d’un glaucome. Depuis l’âge de seize ans et demi, en « stop », seul, il a parcouru l’Europe entière, l’Asie mineure, l’Afrique noire, l’Extrême-Orient.

Pour gagner de l’argent pendant ses périples, il a été traducteur (français-anglais), dans des bureaux. En Inde, il a confectionné des colis de vêtements, à bon marché, pour l’exportation, ou dit des poèmes sur les places publiques. Une vraie vie de bohème !

Jean-Claude Emeriau, 22 ans, de Montrevault (Maine-et-Loire), a été animateur dans les maisons et foyers de jeunes. Depuis quatre ans, ayant besoin de dépaysement, il a lui aussi pris son bâton de pèlerin… le plus souvent en « auto-stop » lui aussi, à travers l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.

A propos de l’accueil chez l’habitant et du « stop », tous deux trouvent les Européens enfermés dans leur individualisme, tandis qu’ils se louent de la tradition d’hôtes des Arabes.

 

avec jc afghanistan-copie-1                               Jean-Pierre et Jean-Claude en Afghanistan

 … Le monde est petit. En fin 76, les deux jeunes Angevins font connaissance, en Afghanistan, sur la route de l’Inde, quelques mois après, ils se retrouvent en Maine et Loire, et projettent un voyage, ensemble, à Bali, Djakarta et Java.

 

                                     Bouddhas de  Bâmiyân encore debout...

Avec une mémoire infaillible, un talent de l’anecdote et surtout un certain « sens » qui n’appartient qu’aux non voyants, dans la perception du monde qui les entoure, Jean-Pierre Brouillaud nous a conté son périple ; Jean-Claude Emeriau y ajoutant certains détails, mais n’ayant pas à corriger son camarade.

Voici un an, en mars 1977, ils partent pour l’Indonésie. Angers-Istambul en « stop » : neuf jours. Là, ils bifurquent sur le Moyen-0rient. Direction : Antioche. C’est le sud de la Turquie, puis la Syrie avec un séjour à Palmyre.

                                                                    

                                J-P & J-C à Palmyre                                    

  Pour les deux jeunes globe-trotters, Israël est synonyme de« la fête, la bonne bouffe, les jolies femmes et la Mer Rouge. »

Un Israélien, grand collectionneur d’escargots, les rétribue pour qu’ils lui rapportent d’intéressants spécimens de Jordanie, où il ne pouvait pas pénétrer.

Depuis Amman, Jean-Pierre Brouillaud et Jean-Claude Emeriau gagnent le Caire en avion, puis Assouan, par le train. Deux jours de bateau sur le lac Nasser… Abousimbel…

… Bateau à roues, à aubes, pour débuter un périple au Soudan. Puis 7 kilomètres de marche à pied dans le désert.

Pittoresques les trains à vapeur, là-bas : on ne sait jamais quand ils partent, quand ils arrivent. Leurs trajets prennent un nombre de jours variables. Il y a encore quatre classes. Beaucoup voyagent sur les toits des wagons. Certains en tombent pendant la nuit. Jean-Pierre et Jean-Claude y ont passé deux jours et deux nuits, ils ont dormi. Contrôleurs et vendeurs de thé passent au milieu des voyageurs sur les toits des wagons des trains en marche. Treize jours au milieu de viande et de poissons séchés.

 

                                  Sur le toit des trains soudanais

Pas de train dans le Sud-Soudan. De Khartoum à Kosti, au bord du Nil blanc, en « stop ». Puis treize jours, en bateau, sur le Nil, pour faire mille kilomètres et descendre au Sud-Soudan :

« On avait trois kilos de riz à manger. On en a perdu huit. Nous étions au milieu des indigènes et des chèvres, dans un dortoir où pendaient la viande et les poissons séchés. On pêchait et on buvait de l’eau du Nil. Nous côtoyions les crocodiles, les hippopotames. » 

 

Au Zaïre, Jean-Pierre et Jean-Claude ont vécu huit jours dans un village pygmée. Reçus par des chefs de village, ils mangeaient de la viande boucanée (crocodile, tortue) et des fruits.

   … La Tanzanie… Le Kenya (tout pour le touriste). Puis direction l’Asie et l’Inde : Pakistan, Cachemire, Delhi, Bénarès, le Gange.

Les deux globe-trotters se reposent un mois et demi au Népal. Ils y passent Noël 77 et le premier de l’an 78.

De Calcutta, « Ville de misère par excellence et ses fameux « mouroirs », ils gagnent en avion la Birmanie puis font toute la Thaïlande en  stop.

 

 

elephant-shri-lanka.JPG                          Et même en éléphant...

 Ayant gagné Ceylan, Jean-Pierre Brouillaud et Jean-Claude Emeriau sont obligés d’écourter leur séjour et de rejoindre Paris sur le dernier avion de la compagnie dont ils étaient les clients et qui était en faillite.

Angevins pour quelques mois, les deux voyageurs songent déjà à repartir « pour les Amériques » en septembre prochain.

Ils ont l’intention d’écrire un livre sur leurs voyages. Pour l’instant, ils seraient heureux de présenter leurs diapositives et de commenter leurs aventures, dans les M.J.C. et les foyers de jeunes (écrire à M. Jean-Pierre Brouillaud, La Varie, 49220 La Meignanne).

 

Michel Riche

  

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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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