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Route et esprit Rock /3

J’ai treize ans, un soir, dans le poste comme on disait à l’époque, un concert déconcertant qui sert tant, tant et tant des rythmes pour moi inconnus, venant de la lointaine et bouillonnante Amérique, version latine. La réception sonore de mon minuscule transistor pouvait laisser à désirer – il n’y a pas encore de modulation de fréquence, la FM… Le concert est transmis à travers les grandes ondes avec parfois de la friture ; ce n’est pas la forme qui compte, mais l’ambiance festive, carnavalesque même. Je découvre les riffs extatiques et tonitruants du guitariste Carlos Santana, et ils ne me quitteront jamais !

Black Magic Woman par Santana, vous connaissez ? Ça ne vous remonte pas des souvenirs de drague ou autres ?

Got a black magic woman

Trouver une magicienne noire

Got a black magic woman

Trouver une magicienne noire

I've got a black magic woman

J'ai trouvé une femme noire et magique

Got me so blind I can't see

Elle me rend tellement aveugle que je ne peux plus voir

That she's a black magic woman

Que c'est une femme qui fait de la magie noire

She's trying to make a devil out of me

Elle tente de faire sortir le diable qui est en moi

Don't turn your back on me baby

Ne m'ignore pas bébé

Don't turn your back on me baby

Ne m'ignore pas bébé

Yes don't turn your back on me baby

Oui, Ne m'ignore pas bébé

Stop messing 'round with your tricks

Arrête de me tourmenter avec tes tours

Don't turn your back on me baby

Ne m'ignore pas bébé

You just might pick up my magic sticks

Tu peux (même) prendre mes baguettes magiques

Got your spell on me baby

Jette ton sort sur moi bébé

Got your spell on me baby

Jette ton sort sur moi bébé

Yes you got your spell on me baby

Oui, tu as jeté ton sort sur moi bébé

Turning my heart into stone

Tu as changé mon cœur en pierre

I need you so bad, magic woman

J'ai méchamment envie de toi, femme magique

I can't leave you alone

Je ne peux pas te laisser tranquille.

Et une autre nuit – ah, la musique et la nuit ! - l’oreille collée au transistor, encore et encore, un tissu sonore se déchire, révélant un monde de chœurs et d’harmonies. Est-ce de la soie ? est-ce du velours ? non, c’est du satin. Un satin blanc, blanc comme la nuit.

Qui n’a pas dansé sur ce slow avec les mains et le ventre fourmillant de désirs ?

 

       Nights in white satin,

Nuits de satin blanc,

Never reaching the end,

N'arrivant jamais à leur terme

Letters I've written,

Lettres que j'ai écrites,

Never meaning to send.

Sans jamais avoir l'intention de les envoyer

Beauty I'd always missed

Beauté que je n'avais jamais su voir

With these eyes before,

Avec mes yeux d'avant

Just what the truth is

Simplement quelle est la vérité

I can't say anymore.

Je ne saurais plus le dire

'Cause I love you,

Car je t'aime,

Yes, I love you,

Oui, je t'aime,

Oh, how, I love you.

Oh, comme, je t'aime.

Gazing at people,

Observant les gens

Some hand in hand,

Certains marchant main dans la main

Just what I'm going thru

Les épreuves que j'endure

They can't understand.

Ils sont simplement incapables de les comprendre

Some try to tell me

Certains essaient de me faire part

Thoughts they cannot defend,

De leurs réflexions qu'ils ne peuvent argumenter

Just what you want to be

Exactement ce que tu veux être

You will be in the end,

Tu finiras par le devenir,

And I love you,

Et je t'aime

Yes, I love you,

Oui, je t'aime,

Oh, how, I love you.

Oh, comme, je t'aime.

Oh, how, I love you.

 

Étourdissante découverte, près du métro Bel-Air, d’un virtuose, Ian Scott Anderson, le leader du groupe Jethro Tull.

Il fut l'un des premiers musiciens dans la musique rock à souffler dans une flûte traversière, influencé dit-il par Eric Clapton, en réalisant qu’il ne jouerait jamais aussi bien que lui de la guitare. Surprenante sa manière de vocaliser en soufflant dans sa flûte à la manière de Roland Kirk et, encore plus, celle de jouer debout en se tenant sur un seul pied, comme un héron guettant un poisson imprudent !

C’était un temps où le l.s.d. circulait dans mes neurones ébahis… un temps où à 5 heures du matin nous allions voler du lait et des yaourts livrés devant les magasins Félix Potin… un temps où j’étais indiscutablement ce poisson imprudent pêché par la flûte traversière de Ian Anderson…

                                                                                       In the shuffling madness

Dans la folie battante

Of the locomotive breath

Du souffle de la locomotive

Runs the all-time loser

Court celui qui perd tout le temps

Headlong to his death.

Droit vers sa mort.

He feels the piston scraping

Il sent le piston lâcher

Steam breaking on his brow

La vapeur qui éclate sur son front

Old Charlie stole the handle

Le vieux Charlie s'est emparé des manettes

And the train won't stop going,

Et le train ne s'arrêtera pas,

No way to slow down

Aucun moyen de ralentir

He sees his children jumping off

Il voit ses enfants descendre

At the stations, one by one.

Aux gares, un par un.

His woman and his best friend

Sa femme et son meilleur ami

In bed and having fun.

Au lit en train de prendre du bon temps.

He's crawling down the corridor

Il rampe le long du couloir

On his hands and knees

Sur ses mains et ses genoux

He hears the silence howling

Il entend le silence hurler

Catches angels as they fall.

Attrape les anges dans leur chute.

And the all-time winner

Et celui qui gagne tout le temps

Has got him by the balls.

Le tient par les couilles.

He picks up Gideons Bible

Il ramasse une Bible

Open at page one

L'ouvre à la première page.

Il y a de la douleur dans le timbre de la voix grave de cet homme. La toute première fois que je l’entends, j’ai l’impression qu’il me demande d’observer le ciel à travers les barreaux du pénitencier avec les yeux d’un détenu.

Johnny Cash a chanté dans les prisons à travers les U.S.A., avec sa voix pénétrante et chevrotante, jusqu’à devenir une véritable légende américaine.

 

I hear the train a comin'

J'ai entendu l'arrivée du train

It's rolling round the bend

Il prend la courbure des rails

And I ain't seen the sunshine since I don't know when,

Et je ne me souviens plus depuis combien de temps je n'ai pas vu la lumière du soleil,

I'm stuck in Folsom prison, and time keeps draggin' on

Je pourris dans cette prison de Folsom, et le temps continue à s'écouler

But that train keeps a rollin' on down to San Anton. .

Mais ce train poursuit sa descente vers San Anton.

When I was just a baby my mama told me : Son,

Quand j'étais tout jeune ma mère m'a dit : Fils,

Always be a good boy, don't ever play with guns.

Sois toujours un bon garçon, ne joue pas avec les armes à feu

But I shot a man in Reno just to watch him die

Mais j'ai descendu un homme à Reno, juste pour le regarder mourir,

Now every time I hear that whistle I hang my head and cry. .

A présent, chaque fois que j'entends ce sifflement, ma tête tombe et je pleure

I bet there's rich folks eating in a fancy dining car

Je parie qu'il y a des riches mangeant dans un wagon-restaurant chic

They're probably drinkin' coffee and smoking big cigars.

Il boivent probablement du café en fumant d'énormes cigares

Well I know I had it coming, I know I can't be free

Mais je sais que je l'ai vu venir, je sais que je ne peux être libre

But those people keep a movin'

Mais ces personnes continuent de s'agiter

And that's what tortures me…

Et c'est ce qui me torture...

Well if they'd free me from this prison,

Eh bien, s'ils me délivraient,

If that railroad train was mine

Si ce train de chemin de fer m'appartenait

I bet I'd move just a little further down the line

Je parie que j'aurais dévié quelque peu la ligne à suivre

Far from Folsom prison, that's where I want to stay

Je veux me tenir aussi loin que possible de cette prison de Folsom

And I'd let that lonesome whistle blow my blues away…

Et j'ai laissé ce sifflement anéantir mon blues…

À Jakarta, David, je crois – il vient de traverser l’océan Pacifique en voilier-stop –, me parle de l’intemporelle chanson « Redemption Song » de la légende du reggae Bob Marley. On est en 1981, je ne la connais pas encore. Toutes ces années-là je sillonne l’Asie. La musique occidentale arrive à moi au gré des rencontres avec d’autres voyageurs. David met tellement d’enthousiasme à me parler de cette chanson que j’achète la cassette, à Bali, à un de ces nombreux marchands à la sauvette. C’était sur un marché, ce qui explique que cette chanson a pour moi une odeur d’épices et de poissons séchés. Désormais, elle m’accompagne souvent sur mes chemins d’écriture.

Je préfère la version de Johnny Cash – oui encore lui ! – et de Joe Strummer, chanteur et multi instrumentiste du groupe The Clash.

Reste que c’est une incroyable composition de Bob Marley quelques mois avant sa mort, presque dans la pure tradition du folk song d’un autre Bob, Bob Dylan. Qu’en pensez-vous ?

« Redemption Song » est souvent traduit par « Chanson de Délivrance ».

 

Old pirates, yes, they rob I

Vieux pirates, oui, ils m'ont volé

Sold I to the merchant ships

M'ont vendu à des navires marchands

Minutes after they took I

Quelques minutes après qu'ils m'aient pris

From the bottomless pit

De l'enfer

But my hand was made strong

Mais ma main a été solidement créée

By the hand of the Almighty

Par la main du Tout-Puissant

We forward in this generation

Nous transmettons dans cette génération

Triumphantly

Triomphalement

Won't you help to sing

N'aideras-tu pas à chanter

These songs of freedom ?

Ces chansons de liberté ?

'Cause all I ever have

Car tout ce que j'ai toujours eu

Redemption songs

Des chansons de délivrance

Redemption songs

Des chansons de délivrance

Emancipate yourselves from mental slavery

Affranchissez-vous de l'esclavage mental

None but ourselves can free our minds

Personne d'autre que nous ne pourra libérer nos esprits

Have no fear for atomic energy

N'ayez pas peur de l'énergie atomique

'Cause none of them can stop the time

Car aucun d'entre eux ne peut arrêter le temps

How long shall they kill our prophets

Pendant combien de temps tueront-ils nos prophètes

While we stand aside and look ? Ooh !

Alors que nous sommes juste à côté et que nous regardons ? Ooh !

Some say it's just a part of it

Certains disent que ce n'est qu'une part de cela

We've got to fulfil the Book

Nous devons accomplir la Bible

(Chorus) — (Chorus)

Emancipate yourselves from mental slavery

Affranchissez-vous de l'esclavage mental

None but ourselves can free our mind

Personne d'autre que nous ne pourra libérer nos esprits

Wo ! Have no fear for atomic energy

Wo ! N'ayez pas peur de l'énergie atomique

'Cause none of them can stop the time

Car aucun d'entre eux ne peut arrêter le temps

How long shall they kill our prophets

Pendant combien de temps tueront-ils nos prophètes

While we stand aside and look ?

Alors que nous sommes juste à côté et que nous regardons ?

Yes, some say it's just a part of it

Certains disent que ce n'est qu'une part de cela

We've got to fulfil de book

Nous devons accomplir la Bible.»

On peut dire qu’il se prenait pour un prophète, notre inspiré Jamaïcain !

Poursuivons avec un morceau de blues rock début 1972. Et un clin d’œil !

« When a blind man cries » – « Quand un aveugle pleure », aurait pu être écrit pour moi, qui devenais aveugle et pleurais au-dedans avec la peur de ne pas pouvoir vivre les élans et aspirations qui m’animaient. Merci Deep Purple.

Ta voix émouvante, Ian Gillan, sur cette houle d’orgue et cette guitare triste me tiraient les larmes, uniquement quand j’étais seul. Identification ? Effet miroir sans doute…

                                                                                        If you're leaving close the door.

Si tu t'en vas ferme la porte.

I'm not expecting people anymore.

Je n'attends plus personne.

Hear me grieving, I'm lying on the floor.

Entends-moi pleurer, je m'allonge sur le sol.

Whether I'm drunk or dead I really ain't too sure.

Que je sois bourré ou mort je n'en suis pas vraiment sûr.

I'm a blind man, I'm a blind man and my world is pale.

Je suis un aveugle, je suis un aveugle et mon monde est pâle.

When a blind man cries, Lord, you know there ain't no sadder tale.

Quand un aveugle pleure, Seigneur, tu sais qu'il n'y a pas de plus triste conte.

Had a friend once in a room,

J'avais un ami une fois dans une chambre,

Had a good time but it ended much too soon.

J'ai passé un bon moment mais il s'est terminé trop tôt.

In a cold month in that room

Durant un mois froid dans cette chambre

We found a reason for the things we had to do.

Nous avons trouvé une raison pour les choses que nous avions à faire.

I'm a blind man, I'm a blind man, now my room is cold.

Je suis un aveugle, je suis un aveugle, maintenant ma chambre est froide.

When a blind man cries, Lord, you know he feels it from his soul.

Quand un aveugle pleure, Seigneur, tu sais que ça vient de son âme.

« The Sound Of Silence », par Simon & Garfunkel —.

Un monument, un Taj Mahal de la chanson née dans une salle de bain carrelée. Paul Simon s’y réfugiait pour composer, lumière éteinte, avec un filet d’eau coulant du robinet. Le léger écho provoqué par le carrelage l’inspirait, expliquera-t-il. Je vais essayer, on ne sait jamais !

En écoutant cette chanson, le désert du Sinaï surgit, sans Moïse, sans buisson ardent. J’ai paressé plusieurs semaines à Nueba – à l’époque, lieu appartenant à Israël. Quelques palmiers, des dunes, la mer Rouge, et le week-end des campeurs qui nous envahissaient. Ils étaient pour nous l’occasion de faire des provisions pour tenir la semaine avec la dizaine de freaks forniqueurs chapardeurs ripailleurs voyageurs qui, comme moi, se reposaient entre l’Afrique et l’Asie. Nous volions à nos campeurs trop bruyants tout ce qui nous tombait sous la main : conserves, pain de mie, bières que nous tentions de rafraîchir dans la mer, etc., car nous ne voulions plus bouger de ce paradis, tendre le pouce pour rejoindre la civilisation distante d’une centaine de kilomètres.

Parmi la bande, une Américaine avec une guitare et une voix à la Joan Baez qui chaque soir autour du feu chantait, chantait, et « The sound of silence » était un des incontournables.

 

                                                                                       Hello darkness, my old friend,

Bonsoir obscurité, ma vieille amie,

I've come to talk with you again

Je suis venu te parler de nouveau

Because a vision softly creeping,

Car une vision s'insinuant doucement en moi,

Left its seeds while I was sleeping

A semé ses graines durant mon sommeil

And the vision that was planted in my brain, still remains

Et la vision qui fut plantée dans mon cerveau, demeure encore

Within the sound of silence

Dans le son du silence

In restless dreams I walked alone,

Dans mes rêves agités j'arpentais seul,

Narrow streets of cobblestone

Des rues étroites et pavées

'Neath the halo of a street lamp,

Sous le halo d'un réverbère,

I turned my collar to the cold and damp

Je tournais mon col à cause du froid et de l'humidité

When my eyes were stabbed by the flash of a neon light,

Lorsque mes yeux furent blessés par l'éclat de la lumière d'un néon,

That split the night and touched the sound of silence

Qui déchira la nuit et atteignit le son du silence

And in the naked light I saw,

Et dans cette lumière pure je vis,

Ten thousand people, maybe more

Dix mille personnes, peut-être plus

People talking without speaking,

Des personnes qui discutaient sans parler,

People hearing without listening

Des personnes qui entendaient sans écouter

People writing songs that voices never share,

Des personnes qui écrivaient des chansons qu'aucune voix n'a jamais partagées ,

And no one dared disturb the sound of silence

Et personne n'osa déranger le son du silence

Fools, said I, you do not know,

Idiots, dis-je, vous ignorez,

Silence, like a cancer, grows

Que le silence, tel un cancer, évolue

Hear my words that I might teach you,

Écoutez mes paroles que je puisse vous apprendre,

Take my arms that I might reach you

Prenez mes bras que je puisse vous atteindre

But my words, like silent raindrops fell,

Mais mes paroles tombèrent telles des gouttes de pluie silencieuses,

And echoed in the wells of silence

Et résonnèrent dans les puits du silence

And the people bowed and prayed

Et ces personnes s'inclinaient et priaient

To the neon god they made

Autour du dieu de néon qu'ils avaient créé

And the sign flashed out its warning

Et le panneau étincela son avertissement

In the words that it was forming

À travers les mots qu'il formait

And the sign said : the words of the prophets

Et le signe disait : les mots des prophètes

Are written on the subway walls

Sont écrits sur les murs du métro

And tenement halls,

Et des halls d'immeubles,

And whispered in the sounds of silence

Et ils murmuraient à travers les sons du silence.

 

Je crois qu’il y aura encore une suite…

Bill Wither, Uriah Heep, John Lennon, Gong, hantent mes rêves et me disent de faire danser, swinger la musique pour qu’elle ne soit pas « cadavérée » comme chantait le Congolais Zao, avec sa chanson « Ancien combattant ».

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Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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