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Route et esprit Rock /2

Écrivant ce qui est, ce qui n’est pas, n’est plus, sera… sous le calame créatif de Dieu finit par surgir le Diable. Ce contretemps, apparent croche-pied à l’harmonie, engendra le rock. Oulala, quel boucan ! Dieu se boucha les oreilles, le règne des décibels à fendre le granit et à faire bouillir l’eau des océans venait de naître, pour le pire et le meilleur.

À l’époque néandertalienne, quand j’entendais gronder les rapides de la rivière qui passait devant ma grotte, j’attendais déjà quelque chose, je ne savais ni qui ni quoi, mais c’était l’avènement de la musique rock. Je l’ai attendue, attendue… elle est venue et puis je l’ai entendue…

Vous connaissez certainement la célèbre phrase de Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » ?

Soyons rock, renversons-la, faisons-la bouger et anagrammons-la. Ça donne : « La vague sans fin modifiée emmène nos jeux de sable. »

Voilà ce qui se passe quand j’écoute pour la énième fois une musique. Elle m’emporte, me sculpte, m’inspire, me donne envie d’écrire, comme maintenant. Viennent des mots, pirogues glissant sur des fleuves, tout sauf tranquilles.

          Les cinglés du rock c’est quoi, c’est qui ?

Des culs-de-jatte, ils sont le membre fantôme,

À Woodstock, sous la pluie, ils criaient « I’m going home »,

Mais ils ne font pas forcément ce qu’ils disent,

Prêtant si peu de crédit aux autopsies et aux analyses.

Quand un ermite bouddhiste n’a plus assez de bois en plein hiver pour se chauffer et décide de brûler la statue en bois du Bouddha, aussi précieuse que ses propres yeux, notre anachorète est rock sans le savoir.

Au fil des décennies, le rock se serait-il génétiquement modifié ?

À force de rentrer en fracas de cris et de décibels dans les hit-parades, n’a-t-il pas fini par devenir un chouïa trop tendance, voire mode, en laissant souvent loin derrière lui son essence rebelle ?

Je ne suis pas thanatopracteur et je ne veux pas faire l’autopsie d’une époque. Je me pose la question : à force d'être partout associé à une culture, à un look, à des livres, des expos, voire même des émissions télé, le rock est-il encore quelque part ?

Récupération ou évolution ?

Au vingt-et-unième siècle, quand on apparaît sur une moto, au bureau, en cuir, en jean, en bottes, on n’est plus forcément ce bad boy que l’on représentait dans les années 50-60. La panoplie du rocker des origines a été largement récupérée par la mode, par les influenceurs imposant le look à avoir pour être branchouille.

Long live rock’n’roll !

Quand j’avais douze ans – quelques millénaires après avoir quitté ma grotte néandertalienne où séchaient les peaux de bêtes, la voix de l’égérie du rock psychédélique de la West Coast, Grace Slick, m’appelait vers la Californie et les communautés hippies. Elle a incontestablement ouvert la route devant moi, la route comme un possible, comme une manière de vivre et de tourner le dos au connu. Elle m’a jeté sur les chemins de Katmandou sans que je m’en aperçoive vraiment !

Grace Slick, encore un charisme solaire qui naufragea dans les abus et s’enfonça dans l’obscurité et la déchéance ! Mais c’est la loi : tout ce qui apparaît, disparaît.

Brian, Jimi, Janis, Jim, Amy, reviendriez-vous ? je vous attends « to the next whisky bar », la porte y est ouverte 24 heures sur 24.

Jim m’a fait signe d’entrer dans le saloon. J’ai poussé la porte à double battants. Il m’a presque crié : « Assis, toi mec, tu prends un scotch avec moi ? » Et comme j’étais impressionné de me retrouver en sa présence, il m’a dit, en levant haut son verre :

« Expose-toi à tes propres peurs, tu verras, après cela, la peur n’a plus de pouvoir, et la peur de la liberté s’éloigne et disparaît. Tu es libre. »

Hoé, Ian Dury, où est le cocktail sexe, drogues et rock and roll que tu chantais à la fin des années 70 ?

Commençons tranquillement par une balade et promenons-nous dans les rues de London – j’aurais envie de rajouter : « pendant que le loup n’y est pas », mais le loup est rusé, il prend toutes les formes...

Voici une balade comme j’en raffole, évoquant les laissés pour compte, les sans-abri et autres sans-grades. Ralph Mac Tell, « Streets of London », chanson publiée en 1974.

Have you seen the old man

As-tu vu le vieillard

In the closed down market

Dans le marché après la fermeture

Kicking up the papers

Donnant des coups de pied aux papiers

With his worn out shoes

Avec ses souliers usés

In his eyes you see no pride

Dans ses yeux tu ne vois aucune fierté

And held loosely at his side

Il retient flottant contre lui

Yesterday's paper,

Le journal d’hier,

Telling yesterday's news.

Relatant les nouvelles d'hier.

So how can you tell me you're lonely

Alors comment peux-tu (oser) me dire que tu es seul

And say for you that the sun don't shine

Et que pour toi le soleil ne brille pas

Let me take you by the hand

Laisse-moi te prendre par la main

And lead you through the streets of London

Et te conduire à travers les rues de Londres

I'll show you something

Je te montrerai quelque chose

To make you change your mind.

Qui te fera changer d'avis.

Have you seen the old girl

As-tu vu la vieille fille

Who walks the streets of London

Qui arpente les rues de Londres

Dirt in her hair

De la crasse dans les cheveux

And her clothes in rags

Et ses vêtements en loques

She's no time for talking

Elle n'a aucun temps pour parler

She just keeps right on walking

Elle continue simplement à marcher

Carrying her home

Portant son foyer

In two carrier bags.

Dans deux sacs en papier.

In the all night cafe

Dans le café qui ouvre toute la nuit

At a quarter past eleven

A onze heures et quart

The same old man

Le même vieillard

Sitting there on his own

Est assis là tout seul

Looking at the world

Regardant le monde

Over the rim of his teacup

Par-dessus le rebord de sa tasse de thé

Each tea lasts an hour,

Chaque thé dure une heure,

And he wanders home alone.

Puis il déambule et rentre seul chez lui

Have you seen the old man

As-tu vu le vieillard

Outside the seaman's mission

Devant le bureau de la marine

Memory fading with

Ses souvenirs se décolorant comme

The medal ribbons that he wears

Les rubans des médailles qu'il porte

In our winter city

Dans notre ville hivernale

The rain cries a little pity

La pluie ne prend guère en pitié

For one more forgotten hero

Un héros oublié de plus

And a world that doesn't care.

Et un monde qui s'en fout.

Le 4 septembre 1968, un tsunami électrique : la version de Bob Dylan revisitée de « All Along The Watchtower » par le très inspiré guitariste Jimi Hendrix.

On lui attribue cette parole : « La connaissance parle, mais la sagesse écoute ». Alors écoutons :

            There must be some kind of way out of here

Il doit y avoir un chemin pour sortir de là

Said the joker to the thief

Dit le bouffon au voleur

There's too much confusion

Il y a trop de confusion

I can't get no relief

Je ne peux pas avoir de trêve

Business men they drink my wine

Les businessmen ont bu mon vin

Plowmen dig my earth

Les laboureurs ont creusé ma terre

None will level on the wine

Aucun ne rendra le vin

Nobody of it is worth

Aucun d'eux n'en vaut la peine.

No reason to get exited

Aucune raison de s'énerver

The thief he kindly spoke

Disait calmement le voleur

There are many here among us

Il y en a beaucoup parmi nous

Who feel that life is but a joke

Qui pensent que la vie est tout sauf une blague

But you and I we've been through that

Mais toi et moi on connaît tout ça

And this is not our fate

Et ce n'est pas notre destin

So let us not talk falsely now

Alors cessons de mentir maintenant

The hour's getting late

Il se fait tard

All along the watchtower.

Tout le long de la tour de garde.

          Si vous n’entendez que du bruit à la place de sa musique embrasée,

Excusez Jimi, par le ciel il a été embrassé.

En magie sonore la première pierre solaire il a posé.

Avec sa Statocaster il célèbre la mémoire païenne de l’Afrique.

Avec sa rage sacrée débarque la fureur d’un blues électrique.

« Qu’est-ce que ce brouhaha ? » m’interrogeait mon père, alors que, pendant le repas familial, j’augmentais le volume du transistor. Comment lui dire qu’un homme d’une autre planète faisait l’amour avec sa guitare électrique ?

En 1969, les Rolling Stones enregistrent leur album « Let It Bleed », un de leurs brûlots qui provoquent l’hystérie des foules.

On n'est plus dans l’homérisme du summer of love, tout le monde s’aime et l’amour fait trembler le pouvoir. On n’y croit plus trop. Il y a la lointaine guerre du Vietnam qui fait rage, les manifestations violentes, les conflits raciaux.

Les Stones, qui sont de véritables éponges, interprètent des chansons qu'ils qualifient eux-mêmes de pré-apocalyptiques.

En 1972, j’assiste pour la première fois à un de leurs concerts. Aux premiers accords de guitare de « Gimme Shelter », quand la choriste semble s’ouvrir en deux tellement elle offre à l’espace voix et souffle, je déserte mon médiocre foyer identitaire et je me sens relié par la joie à toute la salle bruxelloise.

Une de mes chansons frissons et fétiche reste incontestablement « Gimme Shelter », où la choriste Merry Clayton explose en duo avec Mick Jagger, lui-même surpris par son intensité vocale. Les paroles aux saveurs prophétiques décrivent la recherche d'un abri face à la tempête sociale qui gronde. 

                                                Ooh, a storm is threat'ning my very life today

Hou ! Une tempête menace maintenant jusqu'à notre propre vie

If I don't get some shelter, oh yeah, I'm gonna fade away

Si nous ne trouvons pas d'abri, oh ouais, nous disparaîtrons

War, children, it's just a shot away

La guerre les enfants, ce n'est qu'à portée de tir

It's just a shot away

Ce n'est qu'à portée de tir

War, children, it's just a shot away

La guerre, les enfants, ce n'est qu'à portée de tir

It's just a shot away, yeah

Ce n'est qu'à portée de tir, ouais

Ooh, see the fire is sweepin' our very street today

Hou ! Regarde le feu balayer aujourd'hui jusqu'à même notre rue

Burns like a red coal carpet, mad bull lost its way

Il brûle comme un tapis de braise, une foudre furieuse qui ne sait où aller

War, children, yeah ! It's just a shot away

La guerre, les enfants, ce n'est qu'à une portée de fusil

It's just a shot away

Ce n'est qu'à une portée de fusil

War, children, it's just a shot away

La guerre, les enfants, ce n'est qu'à une portée de fusil

It's just a shot away, yeah

Ce n'est qu'à une portée de fusil, ouais

Yeah ! Hey !

Ouais ! Hé !

Rape ! murder !

Le viol, le meurtre,

It's just a shot away, it's just a shot away

Ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ce n'est qu'à deux pas de chez nous

Rape ! murder !

Le viol, le meurtre,

It's just a shot away, it's just a shot away

Ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ce n'est qu'à deux pas de chez nous

Rape ! murder !

Le viol, le meurtre,

It's just a shot away, it's just a shot away, yeah yeah yeah

Ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ouais, ouais, ouais

Mm the floods is threat'ning my very life today

Hum ! La foudre menace aujourd'hui jusqu'à notre propre existence

Gimme, gimme shelter or I'm gonna fade away

Offre-moi, offre-moi asile ou je vais disparaître

War, children, it's just a shot away

La guerre, les enfants, ce n'est qu'à portée de tir

It's just a shot away, it's just a shot away

Ce n'est qu'à portée de tir, ce n'est qu'à portée de tir

It's just a shot away, it's just a shot away

Ce n'est qu'à portée de tir, ce n'est qu'à portée de tir

I tell you love, sister, it's just a kiss away

L'amour, je te le dis, mon amour, ce n'est distant que d'un baiser

It's just a kiss away,

C'est juste un baiser qui nous en sépare

It's just a kiss away, it's just a kiss away

Ce n'est qu'à un baiser de distance, ce n'est qu'à un baiser de là

It's just a kiss away, kiss away, kiss away, yeah !

Ce n'est qu'à un baiser de là, baiser de là, baiser de là, ouais.

 Jim Morrison, ou sa légende, aurait dit : « Dans la vie, j’ai eu le choix entre l’amour, la drogue et la mort. J’ai choisi les deux premières et c’est la troisième qui m’a choisi… »

The Doors tiennent leur nom d’un fabuleux livre de Aldous Huxley, « Les portes de la perception ». Tout un programme, à l’heure ou l’on découvre les psychotropes et la méditation. Interrogé à propos du nom du groupe, le leader Jim Morrison répond : « Il y a l’univers du connu et l’univers de l’inconnu, entre les deux, The Doors. »

La chanson « Rider on the Storm » présente une superstructures d’harmonies complexes avec un piano qui égrène autour de la voix puissante de Morrison des notes tristes et allègres tandis que s’abat la pluie et gronde l’orage. Quand j’écoute cette pépite musicale, je suis dehors, seul dans la nuit noire. Pas très loin de Los Angeles. Un ruban de route solitaire invite au voyage, mais un assassin rôde. C’est inquiétant, ça suinte l’Amérique des fantasmes et des peurs inextricablement mêlées aux désirs.

                                                                        You gotta love your man

Miss, tu dois aimer ton homme

Girl, you gotta love your man

Miss, tu dois aimer ton homme

Take him by the hand, make him understand

Prends-le par la main, fais-lui comprendre

The world on you depends, our life will never end

Le monde dépend de toi, jamais notre vie ne finira

You gotta love your man

Tu dois aimer ton homme .

Riders on the storm, riders on the storm

Passagers de la tourmente, passagers de la tourmente

Into this house we're born, into world we're thrown

Dans cette maison nous sommes nés, dans ce monde nous sommes jetés

Like a dog without a bone, an actor out on loan

Comme un chien sans son os, comme un acteur de remplacement

Riders on the storm

Passagers de la tourmente.

Le 20 juillet 1965 est dévoilée une nouvelle facette du diamant rock, « Like a Rolling Stone », une complainte dantesque du barde Bob Dylan. Il s’agit d’une allégorie amère qui raconte la dégringolade sociale d’une femme qui a connu faste et opulence.

C’est un des premiers morceaux country rock faisant la part belle à l’orgue Hammond B3, sous les doigts de Al Kooper. Cet instrument déjà mis en valeur par le célébrissime « House of Rising Sun », des « Animal », gagne définitivement ses galons d'instrument rock.

J’en deviendrai foldingue avec le groupe Deep Purple et le clavier turbulent de Jon Lord.

Like A Rolling Stone — Comme Une Pierre Qui Roule.

Un texte montrant combien le vernis social est un crépi qui peut se fissurer à tout instant. Avec mon regard d’ado insoumis, en écoutant cette chanson, je vois se déployer la comédie humaine, les polichinelles que sont les politiciens, les vendeurs d’espérance que sont les hommes de religion.

                                                            Once upon a time you dressed so fine

Il fut un temps où tu étais si bien habillée

You threw the bums a dime in your prime, didn't you ?

Tu jetais une pièce aux clochards du temps de ta splendeur, pas vrai ?

People'd call, say Beware doll, you're bound to fall

Des gens venaient, te disaient fais attention poupée, tu es condamnée à tomber un jour

You thought they were all kiddin' you

Tu pensais qu'ils étaient tous en train de te faire marcher

You used to laugh about

Tu avais pour habitude de te moquer

Everybody that was hangin' out

De tous ceux qui traînaient dehors

Now you don't talk so loud

Maintenant tu as rabattu ton caquet

Now you don't seem so proud

Maintenant tu ne sembles plus aussi fière

About having to be scrounging for your next meal

D'avoir à mendier pour ton prochain repas

How does it feel

Que ressent-on

How does it feel

Que ressent-on

To be without a home

Quand on est à la rue

Like a complete unknown

Comme un complet inconnu

Like a rolling stone ?

Comme une pierre qui roule

Certains critiques écrivent que Bob Dylan, avec ses textes impressionnistes aux parfums visionnaires, a ouvert l’âme de ses fans comme Elvis Presley avait libéré le corps des gens en roulant des hanches sur scène comme s’il faisait l’amour.

J’entends encore ce jeune Allemand jouant « Like a Rolling Stone » autour d’un feu de bois crépitant dans les collines grecques, parmi les oliviers et les orangers en fleurs. En m’endormant sur la dalle fraîche d’une chapelle abandonnée, j’avais ce soir-là la sensation d’être enfin ce vagabond mythique dont j’avais tant rêvé. Je roulais vers un Orient où les tapis n’étaient pas là que pour être foulés par les pieds des hommes. Ils existaient aussi pour donner de l’altitude en volant pour mieux observer les choses du monde avec distance et sourire.

Arrive un autre coup de poing musical dans ma gueule : King Crimson, le « roi cramoisi », en 1969, un tournant dans la musique rock. Je l’ai découvert quelques années plus tard, une cassette pleurant légèrement, sans doute à force d’avoir été trop écoutée ; c’était à Milan, je crois – si ma mémoire est fidèle, ce en quoi je doute.

King Crimson signe ici un nouveau genre, le rock progressif. May be, qu’importe, laissons aux spécialistes le droit d’en débattre. Émerge ici un sous-marin atomique qui remonte à la surface pour la toute première fois. Il surgit des eaux profondes de l’océan de nos inconscients. Quand on regarde à travers son périscope, on voit du son et on entend des couleurs.

                                                                            The rusted chains of prison moons

Les chaînes rouillées de la prison des lunes

Are shattered by the sun.

Sont brisées par le soleil.

I walk a road, horizons change

Je marche sur une route, l'horizon change

The tournament's begun.

Et le tournoi a commencé.

The purple piper plays his tune,

La flûte mauve joue sa mélodie,

The choir softly sing ;

Le chœur chante doucement ;

Three lullabies in an ancient tongue,

Trois berceuses dans une langue antique,

For the court of the crimson king.

Pour la cour du roi cramoisi.

Je suis affalé sur un sol herbeux, dans un festival en Angleterre. Un dealer totalement éclaté m’a refilé un buvard. Il a même oublié de me demander de le payer !

J’entends un vent de sable violet et des corbeaux rouges qui dansent sur des rires de baleines. Je nage sous la surface de la mer, parmi des bleus allant du sombre au lumineux. Des poissons multicolores tournoient autour de mon corps tout en ondulations et vibrations. Pour planer, je plane, embarqué par les harmonies en clartés obscures de Pink Floyd.

« Le jeu de guitare de David Gilmour est la clé de voûte de la musique du groupe », me postillonne une voisine toute excitée. Je me dis que l’alcool et l’acide ce n’est pas du tout le même voyage, pas du tout ! Et d’ailleurs, de quelle guitare parle-t-elle ?

En écoutant Pink Floyd en live pour la première fois, je vois « le ciel dans l’eau et des poissons dans les arbres ». Celui qui délimite le réel de l’imaginaire n’est pas un enfant du rock, celui qui prétend qu’une hallucination n’est pas la réalité manque d’huile dans ses rouages !

Ça fait, oui, cinquante ans et plus que j’ai pris un billet gratuit pour le pays Pink Floydien. Mais, rassurons-nous, aujourd’hui des Canadiens — et pas que, je suppose, le groupe néo-psychédélique Black Mountain élargit le sillon sonore ouvert par leurs pères, avec par exemple ce morceau-ci : « Space to Bakersfield », sorti en 2016. Il y a de la transmission. Youpi !

Et j’avoue que je rêve… en 2022, rêve… de pouvoir lire, dire, imprimer mes proses poétiques sur une toile de fond musicale avec des guitares acides et saturées, un orgue aux tons de feuilles rougies par l’automne, une guitare acoustique avec des notes fraîches en cascades d’arpèges, une batterie dont le silence entre deux coups de baguettes serait intense, intriguant, des chœurs aériens, des jeux de réverbérations…

Je rêve en espérant que mon rêve nage dans le courant du grand rêve d’un Dieu qui aurait retrouvé l’audition depuis la création du rock. May be, un jour ou une nuit, je rencontrerai des enfants de Pink Floyd qui voudront bien habiller mes textes et ma voix !

C’est dit, passons à autre chose, et que vive la musique !

Voici un lien vers un voyage psychédélique dont jamais je ne me lasse, la découverte en 1971 de Echoes sur l’album « Meddle ».

 

Strangers passing in the street

Des étrangers passant dans la rue

By chance two separate glances meet

Par hasard deux coups d'œil séparés se rencontrent

And I am you and what I see is me

Et je suis toi et ce que je vois est moi

And do I take you by the hand

Et dois-je te prendre par la main

And lead you through the land

Et te conduire à travers la terre

And help me understand the best I can

Et (que tu) m'aides à comprendre du mieux que je peux… »

 

Et que diriez-vous d’une invitation à aller traîner dans les bas-fonds, à ressusciter l’extravagante ambiance de la Factory d'Andy Warhol, avec pour tout bagage un saxophone torride en fin de chanson, un tempo lent, une contrebasse qui se déhanche, des chœurs suaves et la voix nonchalante de Lou Reed ? Ça sent encore le velours marginal, non ?

                                                                             Holly came from Miami FLA

Holly venait de Miami FLA

Hitch-hiked her way across the USA

Elle traversait les USA en stop

Plucked her eyebrows on the way

Elle s'est épilé les sourcils en route

Shaved her leg and then he was a she

Rasé les jambes et à l'arrivée il était elle

She says, hey babe, take a walk on the wild side

Elle dit, hé bébé, viens traîner dans les bas-fonds

Said, hey honey, take a walk on the wild side

Disait, hé chéri, encanaille-toi

Candy came from out on the island

Candy arrivait de Long island

In the backroom she was everybody's darling

Dans la backroom, tout le monde lui passait dessus

But she never lost her head

Mais elle n'a jamais perdu la tête

Even when she was given head

Même quand elle offrait sa gorge

She says, hey babe, take a walk on the wild side

Elle dit, eh bébé, viens traîner dans les bas-fonds

Said, hey honey, take a walk on the wild side

Disait, eh chéri, encanaille-toi…»

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À propos

Jean-Pierre Brouillaud

Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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