25 Février 2022
Écrivant ce qui est, ce qui n’est pas, n’est plus, sera… sous le calame créatif de Dieu finit par surgir le Diable. Ce contretemps, apparent croche-pied à l’harmonie, engendra le rock. Oulala, quel boucan ! Dieu se boucha les oreilles, le règne des décibels à fendre le granit et à faire bouillir l’eau des océans venait de naître, pour le pire et le meilleur.
À l’époque néandertalienne, quand j’entendais gronder les rapides de la rivière qui passait devant ma grotte, j’attendais déjà quelque chose, je ne savais ni qui ni quoi, mais c’était l’avènement de la musique rock. Je l’ai attendue, attendue… elle est venue et puis je l’ai entendue…
Vous connaissez certainement la célèbre phrase de Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » ?
Soyons rock, renversons-la, faisons-la bouger et anagrammons-la. Ça donne : « La vague sans fin modifiée emmène nos jeux de sable. »
Voilà ce qui se passe quand j’écoute pour la énième fois une musique. Elle m’emporte, me sculpte, m’inspire, me donne envie d’écrire, comme maintenant. Viennent des mots, pirogues glissant sur des fleuves, tout sauf tranquilles.
Les cinglés du rock c’est quoi, c’est qui ?
Des culs-de-jatte, ils sont le membre fantôme,
À Woodstock, sous la pluie, ils criaient « I’m going home »,
Mais ils ne font pas forcément ce qu’ils disent,
Prêtant si peu de crédit aux autopsies et aux analyses.
Quand un ermite bouddhiste n’a plus assez de bois en plein hiver pour se chauffer et décide de brûler la statue en bois du Bouddha, aussi précieuse que ses propres yeux, notre anachorète est rock sans le savoir.
Au fil des décennies, le rock se serait-il génétiquement modifié ?
À force de rentrer en fracas de cris et de décibels dans les hit-parades, n’a-t-il pas fini par devenir un chouïa trop tendance, voire mode, en laissant souvent loin derrière lui son essence rebelle ?
Je ne suis pas thanatopracteur et je ne veux pas faire l’autopsie d’une époque. Je me pose la question : à force d'être partout associé à une culture, à un look, à des livres, des expos, voire même des émissions télé, le rock est-il encore quelque part ?
Récupération ou évolution ?
Au vingt-et-unième siècle, quand on apparaît sur une moto, au bureau, en cuir, en jean, en bottes, on n’est plus forcément ce bad boy que l’on représentait dans les années 50-60. La panoplie du rocker des origines a été largement récupérée par la mode, par les influenceurs imposant le look à avoir pour être branchouille.
Long live rock’n’roll !
Quand j’avais douze ans – quelques millénaires après avoir quitté ma grotte néandertalienne où séchaient les peaux de bêtes, la voix de l’égérie du rock psychédélique de la West Coast, Grace Slick, m’appelait vers la Californie et les communautés hippies. Elle a incontestablement ouvert la route devant moi, la route comme un possible, comme une manière de vivre et de tourner le dos au connu. Elle m’a jeté sur les chemins de Katmandou sans que je m’en aperçoive vraiment !
Grace Slick, encore un charisme solaire qui naufragea dans les abus et s’enfonça dans l’obscurité et la déchéance ! Mais c’est la loi : tout ce qui apparaît, disparaît.
Brian, Jimi, Janis, Jim, Amy, reviendriez-vous ? je vous attends « to the next whisky bar », la porte y est ouverte 24 heures sur 24.
Jim m’a fait signe d’entrer dans le saloon. J’ai poussé la porte à double battants. Il m’a presque crié : « Assis, toi mec, tu prends un scotch avec moi ? » Et comme j’étais impressionné de me retrouver en sa présence, il m’a dit, en levant haut son verre :
« Expose-toi à tes propres peurs, tu verras, après cela, la peur n’a plus de pouvoir, et la peur de la liberté s’éloigne et disparaît. Tu es libre. »
Hoé, Ian Dury, où est le cocktail sexe, drogues et rock and roll que tu chantais à la fin des années 70 ?
Commençons tranquillement par une balade et promenons-nous dans les rues de London – j’aurais envie de rajouter : « pendant que le loup n’y est pas », mais le loup est rusé, il prend toutes les formes...
Voici une balade comme j’en raffole, évoquant les laissés pour compte, les sans-abri et autres sans-grades. Ralph Mac Tell, « Streets of London », chanson publiée en 1974.
Have you seen the old man
As-tu vu le vieillard
In the closed down market
Dans le marché après la fermeture
Kicking up the papers
Donnant des coups de pied aux papiers
With his worn out shoes
Avec ses souliers usés
In his eyes you see no pride
Dans ses yeux tu ne vois aucune fierté
And held loosely at his side
Il retient flottant contre lui
Yesterday's paper,
Le journal d’hier,
Telling yesterday's news.
Relatant les nouvelles d'hier.
So how can you tell me you're lonely
Alors comment peux-tu (oser) me dire que tu es seul
And say for you that the sun don't shine
Et que pour toi le soleil ne brille pas
Let me take you by the hand
Laisse-moi te prendre par la main
And lead you through the streets of London
Et te conduire à travers les rues de Londres
I'll show you something
Je te montrerai quelque chose
To make you change your mind.
Qui te fera changer d'avis.
Have you seen the old girl
As-tu vu la vieille fille
Who walks the streets of London
Qui arpente les rues de Londres
Dirt in her hair
De la crasse dans les cheveux
And her clothes in rags
Et ses vêtements en loques
She's no time for talking
Elle n'a aucun temps pour parler
She just keeps right on walking
Elle continue simplement à marcher
Carrying her home
Portant son foyer
In two carrier bags.
Dans deux sacs en papier.
In the all night cafe
Dans le café qui ouvre toute la nuit
At a quarter past eleven
A onze heures et quart
The same old man
Le même vieillard
Sitting there on his own
Est assis là tout seul
Looking at the world
Regardant le monde
Over the rim of his teacup
Par-dessus le rebord de sa tasse de thé
Each tea lasts an hour,
Chaque thé dure une heure,
And he wanders home alone.
Puis il déambule et rentre seul chez lui
Have you seen the old man
As-tu vu le vieillard
Outside the seaman's mission
Devant le bureau de la marine
Memory fading with
Ses souvenirs se décolorant comme
The medal ribbons that he wears
Les rubans des médailles qu'il porte
In our winter city
Dans notre ville hivernale
The rain cries a little pity
La pluie ne prend guère en pitié
For one more forgotten hero
Un héros oublié de plus
And a world that doesn't care.
Et un monde qui s'en fout.
Ralph McTell Streets of London
The best version of Ralph McTell singing The Streets of London through the years. Did you know the song was originally called Streets of Paris?
Le 4 septembre 1968, un tsunami électrique : la version de Bob Dylan revisitée de « All Along The Watchtower » par le très inspiré guitariste Jimi Hendrix.
On lui attribue cette parole : « La connaissance parle, mais la sagesse écoute ». Alors écoutons :
There must be some kind of way out of here
Il doit y avoir un chemin pour sortir de là
Said the joker to the thief
Dit le bouffon au voleur
There's too much confusion
Il y a trop de confusion
I can't get no relief
Je ne peux pas avoir de trêve
Business men they drink my wine
Les businessmen ont bu mon vin
Plowmen dig my earth
Les laboureurs ont creusé ma terre
None will level on the wine
Aucun ne rendra le vin
Nobody of it is worth
Aucun d'eux n'en vaut la peine.
No reason to get exited
Aucune raison de s'énerver
The thief he kindly spoke
Disait calmement le voleur
There are many here among us
Il y en a beaucoup parmi nous
Who feel that life is but a joke
Qui pensent que la vie est tout sauf une blague
But you and I we've been through that
Mais toi et moi on connaît tout ça
And this is not our fate
Et ce n'est pas notre destin
So let us not talk falsely now
Alors cessons de mentir maintenant
The hour's getting late
Il se fait tard
All along the watchtower.
Tout le long de la tour de garde.
The Jimi Hendrix Experience - All Along The Watchtower (Official Audio)
Official Audio for "All Along The Watchtower" by The Jimi Hendrix ExperienceListen to Jimi Hendrix: https://jimihendrix.lnk.to/listenYDSubscribe to the offic...
Si vous n’entendez que du bruit à la place de sa musique embrasée,
Excusez Jimi, par le ciel il a été embrassé.
En magie sonore la première pierre solaire il a posé.
Avec sa Statocaster il célèbre la mémoire païenne de l’Afrique.
Avec sa rage sacrée débarque la fureur d’un blues électrique.
« Qu’est-ce que ce brouhaha ? » m’interrogeait mon père, alors que, pendant le repas familial, j’augmentais le volume du transistor. Comment lui dire qu’un homme d’une autre planète faisait l’amour avec sa guitare électrique ?
En 1969, les Rolling Stones enregistrent leur album « Let It Bleed », un de leurs brûlots qui provoquent l’hystérie des foules.
On n'est plus dans l’homérisme du summer of love, tout le monde s’aime et l’amour fait trembler le pouvoir. On n’y croit plus trop. Il y a la lointaine guerre du Vietnam qui fait rage, les manifestations violentes, les conflits raciaux.
Les Stones, qui sont de véritables éponges, interprètent des chansons qu'ils qualifient eux-mêmes de pré-apocalyptiques.
En 1972, j’assiste pour la première fois à un de leurs concerts. Aux premiers accords de guitare de « Gimme Shelter », quand la choriste semble s’ouvrir en deux tellement elle offre à l’espace voix et souffle, je déserte mon médiocre foyer identitaire et je me sens relié par la joie à toute la salle bruxelloise.
Une de mes chansons frissons et fétiche reste incontestablement « Gimme Shelter », où la choriste Merry Clayton explose en duo avec Mick Jagger, lui-même surpris par son intensité vocale. Les paroles aux saveurs prophétiques décrivent la recherche d'un abri face à la tempête sociale qui gronde.
Ooh, a storm is threat'ning my very life today
Hou ! Une tempête menace maintenant jusqu'à notre propre vie
If I don't get some shelter, oh yeah, I'm gonna fade away
Si nous ne trouvons pas d'abri, oh ouais, nous disparaîtrons
War, children, it's just a shot away
La guerre les enfants, ce n'est qu'à portée de tir
It's just a shot away
Ce n'est qu'à portée de tir
War, children, it's just a shot away
La guerre, les enfants, ce n'est qu'à portée de tir
It's just a shot away, yeah
Ce n'est qu'à portée de tir, ouais
Ooh, see the fire is sweepin' our very street today
Hou ! Regarde le feu balayer aujourd'hui jusqu'à même notre rue
Burns like a red coal carpet, mad bull lost its way
Il brûle comme un tapis de braise, une foudre furieuse qui ne sait où aller
War, children, yeah ! It's just a shot away
La guerre, les enfants, ce n'est qu'à une portée de fusil
It's just a shot away
Ce n'est qu'à une portée de fusil
War, children, it's just a shot away
La guerre, les enfants, ce n'est qu'à une portée de fusil
It's just a shot away, yeah
Ce n'est qu'à une portée de fusil, ouais
Yeah ! Hey !
Ouais ! Hé !
Rape ! murder !
Le viol, le meurtre,
It's just a shot away, it's just a shot away
Ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ce n'est qu'à deux pas de chez nous
Rape ! murder !
Le viol, le meurtre,
It's just a shot away, it's just a shot away
Ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ce n'est qu'à deux pas de chez nous
Rape ! murder !
Le viol, le meurtre,
It's just a shot away, it's just a shot away, yeah yeah yeah
Ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ce n'est qu'à deux pas de chez nous, ouais, ouais, ouais
Mm the floods is threat'ning my very life today
Hum ! La foudre menace aujourd'hui jusqu'à notre propre existence
Gimme, gimme shelter or I'm gonna fade away
Offre-moi, offre-moi asile ou je vais disparaître
War, children, it's just a shot away
La guerre, les enfants, ce n'est qu'à portée de tir
It's just a shot away, it's just a shot away
Ce n'est qu'à portée de tir, ce n'est qu'à portée de tir
It's just a shot away, it's just a shot away
Ce n'est qu'à portée de tir, ce n'est qu'à portée de tir
I tell you love, sister, it's just a kiss away
L'amour, je te le dis, mon amour, ce n'est distant que d'un baiser
It's just a kiss away,
C'est juste un baiser qui nous en sépare
It's just a kiss away, it's just a kiss away
Ce n'est qu'à un baiser de distance, ce n'est qu'à un baiser de là
It's just a kiss away, kiss away, kiss away, yeah !
Ce n'est qu'à un baiser de là, baiser de là, baiser de là, ouais.
The Rolling Stones - Gimme Shelter (Live) - OFFICIAL PROMO
Welcome to Goats Head Soup 2020. Featuring three unheard tracks, sitting alongside an all-new stereo mix of the original 1973 album, plus demos, outtakes, li...
Jim Morrison, ou sa légende, aurait dit : « Dans la vie, j’ai eu le choix entre l’amour, la drogue et la mort. J’ai choisi les deux premières et c’est la troisième qui m’a choisi… »
The Doors tiennent leur nom d’un fabuleux livre de Aldous Huxley, « Les portes de la perception ». Tout un programme, à l’heure ou l’on découvre les psychotropes et la méditation. Interrogé à propos du nom du groupe, le leader Jim Morrison répond : « Il y a l’univers du connu et l’univers de l’inconnu, entre les deux, The Doors. »
La chanson « Rider on the Storm » présente une superstructures d’harmonies complexes avec un piano qui égrène autour de la voix puissante de Morrison des notes tristes et allègres tandis que s’abat la pluie et gronde l’orage. Quand j’écoute cette pépite musicale, je suis dehors, seul dans la nuit noire. Pas très loin de Los Angeles. Un ruban de route solitaire invite au voyage, mais un assassin rôde. C’est inquiétant, ça suinte l’Amérique des fantasmes et des peurs inextricablement mêlées aux désirs.
You gotta love your man
Miss, tu dois aimer ton homme
Girl, you gotta love your man
Miss, tu dois aimer ton homme
Take him by the hand, make him understand
Prends-le par la main, fais-lui comprendre
The world on you depends, our life will never end
Le monde dépend de toi, jamais notre vie ne finira
You gotta love your man
Tu dois aimer ton homme .
Riders on the storm, riders on the storm
Passagers de la tourmente, passagers de la tourmente
Into this house we're born, into world we're thrown
Dans cette maison nous sommes nés, dans ce monde nous sommes jetés
Like a dog without a bone, an actor out on loan
Comme un chien sans son os, comme un acteur de remplacement
Riders on the storm
Passagers de la tourmente.
The Doors - Riders On The Storm
Band: The DoorsAlbum: The Very Best of The DoorsRelease date: 2001Track number: 7Genre: Psychedelic RockLyrics:Riders on the stormRiders on the stormInto thi...
Le 20 juillet 1965 est dévoilée une nouvelle facette du diamant rock, « Like a Rolling Stone », une complainte dantesque du barde Bob Dylan. Il s’agit d’une allégorie amère qui raconte la dégringolade sociale d’une femme qui a connu faste et opulence.
C’est un des premiers morceaux country rock faisant la part belle à l’orgue Hammond B3, sous les doigts de Al Kooper. Cet instrument déjà mis en valeur par le célébrissime « House of Rising Sun », des « Animal », gagne définitivement ses galons d'instrument rock.
J’en deviendrai foldingue avec le groupe Deep Purple et le clavier turbulent de Jon Lord.
Like A Rolling Stone — Comme Une Pierre Qui Roule.
Un texte montrant combien le vernis social est un crépi qui peut se fissurer à tout instant. Avec mon regard d’ado insoumis, en écoutant cette chanson, je vois se déployer la comédie humaine, les polichinelles que sont les politiciens, les vendeurs d’espérance que sont les hommes de religion.
Once upon a time you dressed so fine
Il fut un temps où tu étais si bien habillée
You threw the bums a dime in your prime, didn't you ?
Tu jetais une pièce aux clochards du temps de ta splendeur, pas vrai ?
People'd call, say Beware doll, you're bound to fall
Des gens venaient, te disaient fais attention poupée, tu es condamnée à tomber un jour
You thought they were all kiddin' you
Tu pensais qu'ils étaient tous en train de te faire marcher
You used to laugh about
Tu avais pour habitude de te moquer
Everybody that was hangin' out
De tous ceux qui traînaient dehors
Now you don't talk so loud
Maintenant tu as rabattu ton caquet
Now you don't seem so proud
Maintenant tu ne sembles plus aussi fière
About having to be scrounging for your next meal
D'avoir à mendier pour ton prochain repas
How does it feel
Que ressent-on
How does it feel
Que ressent-on
To be without a home
Quand on est à la rue
Like a complete unknown
Comme un complet inconnu
Like a rolling stone ?
Comme une pierre qui roule
Bob Dylan - Like a Rolling Stone (Official Audio)
"Like A Rolling Stone" by Bob DylanListen to Bob Dylan: https://bobdylan.lnk.to/listenYDSubscribe to the Bob Dylan YouTube channel: https://bobdylan.lnk.to/_...
Certains critiques écrivent que Bob Dylan, avec ses textes impressionnistes aux parfums visionnaires, a ouvert l’âme de ses fans comme Elvis Presley avait libéré le corps des gens en roulant des hanches sur scène comme s’il faisait l’amour.
J’entends encore ce jeune Allemand jouant « Like a Rolling Stone » autour d’un feu de bois crépitant dans les collines grecques, parmi les oliviers et les orangers en fleurs. En m’endormant sur la dalle fraîche d’une chapelle abandonnée, j’avais ce soir-là la sensation d’être enfin ce vagabond mythique dont j’avais tant rêvé. Je roulais vers un Orient où les tapis n’étaient pas là que pour être foulés par les pieds des hommes. Ils existaient aussi pour donner de l’altitude en volant pour mieux observer les choses du monde avec distance et sourire.
Arrive un autre coup de poing musical dans ma gueule : King Crimson, le « roi cramoisi », en 1969, un tournant dans la musique rock. Je l’ai découvert quelques années plus tard, une cassette pleurant légèrement, sans doute à force d’avoir été trop écoutée ; c’était à Milan, je crois – si ma mémoire est fidèle, ce en quoi je doute.
King Crimson signe ici un nouveau genre, le rock progressif. May be, qu’importe, laissons aux spécialistes le droit d’en débattre. Émerge ici un sous-marin atomique qui remonte à la surface pour la toute première fois. Il surgit des eaux profondes de l’océan de nos inconscients. Quand on regarde à travers son périscope, on voit du son et on entend des couleurs.
The rusted chains of prison moons
Les chaînes rouillées de la prison des lunes
Are shattered by the sun.
Sont brisées par le soleil.
I walk a road, horizons change
Je marche sur une route, l'horizon change
The tournament's begun.
Et le tournoi a commencé.
The purple piper plays his tune,
La flûte mauve joue sa mélodie,
The choir softly sing ;
Le chœur chante doucement ;
Three lullabies in an ancient tongue,
Trois berceuses dans une langue antique,
For the court of the crimson king.
Pour la cour du roi cramoisi.
King Crimson - The Court Of The Crimson King
THE COURT OF THE CRIMSON KING including THE RETURN OF THE FIRE WITCH and THE DANCE OF THE PUPPETS (McDonald, Sinfield)The rusted chains of prison moons Are ...
Je suis affalé sur un sol herbeux, dans un festival en Angleterre. Un dealer totalement éclaté m’a refilé un buvard. Il a même oublié de me demander de le payer !
J’entends un vent de sable violet et des corbeaux rouges qui dansent sur des rires de baleines. Je nage sous la surface de la mer, parmi des bleus allant du sombre au lumineux. Des poissons multicolores tournoient autour de mon corps tout en ondulations et vibrations. Pour planer, je plane, embarqué par les harmonies en clartés obscures de Pink Floyd.
« Le jeu de guitare de David Gilmour est la clé de voûte de la musique du groupe », me postillonne une voisine toute excitée. Je me dis que l’alcool et l’acide ce n’est pas du tout le même voyage, pas du tout ! Et d’ailleurs, de quelle guitare parle-t-elle ?
En écoutant Pink Floyd en live pour la première fois, je vois « le ciel dans l’eau et des poissons dans les arbres ». Celui qui délimite le réel de l’imaginaire n’est pas un enfant du rock, celui qui prétend qu’une hallucination n’est pas la réalité manque d’huile dans ses rouages !
Ça fait, oui, cinquante ans et plus que j’ai pris un billet gratuit pour le pays Pink Floydien. Mais, rassurons-nous, aujourd’hui des Canadiens — et pas que, je suppose, le groupe néo-psychédélique Black Mountain élargit le sillon sonore ouvert par leurs pères, avec par exemple ce morceau-ci : « Space to Bakersfield », sorti en 2016. Il y a de la transmission. Youpi !
Et j’avoue que je rêve… en 2022, rêve… de pouvoir lire, dire, imprimer mes proses poétiques sur une toile de fond musicale avec des guitares acides et saturées, un orgue aux tons de feuilles rougies par l’automne, une guitare acoustique avec des notes fraîches en cascades d’arpèges, une batterie dont le silence entre deux coups de baguettes serait intense, intriguant, des chœurs aériens, des jeux de réverbérations…
Je rêve en espérant que mon rêve nage dans le courant du grand rêve d’un Dieu qui aurait retrouvé l’audition depuis la création du rock. May be, un jour ou une nuit, je rencontrerai des enfants de Pink Floyd qui voudront bien habiller mes textes et ma voix !
C’est dit, passons à autre chose, et que vive la musique !
Voici un lien vers un voyage psychédélique dont jamais je ne me lasse, la découverte en 1971 de Echoes sur l’album « Meddle ».
Strangers passing in the street
Des étrangers passant dans la rue
By chance two separate glances meet
Par hasard deux coups d'œil séparés se rencontrent
And I am you and what I see is me
Et je suis toi et ce que je vois est moi
And do I take you by the hand
Et dois-je te prendre par la main
And lead you through the land
Et te conduire à travers la terre
And help me understand the best I can
Et (que tu) m'aides à comprendre du mieux que je peux… »
Et que diriez-vous d’une invitation à aller traîner dans les bas-fonds, à ressusciter l’extravagante ambiance de la Factory d'Andy Warhol, avec pour tout bagage un saxophone torride en fin de chanson, un tempo lent, une contrebasse qui se déhanche, des chœurs suaves et la voix nonchalante de Lou Reed ? Ça sent encore le velours marginal, non ?
Holly came from Miami FLA
Holly venait de Miami FLA
Hitch-hiked her way across the USA
Elle traversait les USA en stop
Plucked her eyebrows on the way
Elle s'est épilé les sourcils en route
Shaved her leg and then he was a she
Rasé les jambes et à l'arrivée il était elle
She says, hey babe, take a walk on the wild side
Elle dit, hé bébé, viens traîner dans les bas-fonds
Said, hey honey, take a walk on the wild side
Disait, hé chéri, encanaille-toi
Candy came from out on the island
Candy arrivait de Long island
In the backroom she was everybody's darling
Dans la backroom, tout le monde lui passait dessus
But she never lost her head
Mais elle n'a jamais perdu la tête
Even when she was given head
Même quand elle offrait sa gorge
She says, hey babe, take a walk on the wild side
Elle dit, eh bébé, viens traîner dans les bas-fonds
Said, hey honey, take a walk on the wild side
Disait, eh chéri, encanaille-toi…»
Lou Reed - Walk on the Wild Side (audio)
Music video by Lou Reed performing Walk on the Wild Side (audio). (C) 1972 RCA Records a division of Sony Music Entertainment
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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