1 Mars 2025
Une pancarte, une destination
Toutes sortes de légendes urbaines autour de l’auto-stoppeur
Certains conducteurs accélèrent, d’autres freinent, d’autres sont dans l’hésitation
Cette silhouette solitaire fait envie, pitié, peur.
Sa maison, un sac-à-dos
Devant, derrière, sous ses pieds, un ruban de terre ou d’asphalte
Ici, odeur de lessive, puanteur d’usine, là un air de salsa ou de fado
Pour dormir, un lit ou un fossé, une halte.
L’art du pouce levé
Être debout au bord d’une route et attendre sereinement, attendre
Mais toujours prêt à y aller
En s’offrant aux regards qui toisent et en se laissant surprendre.
Plus l’amour du trajet que de la destination
La jubilation de s’asseoir dans l’habitacle d’un inconnu
De découvrir un lieu, une culture, d’autres façons
Et repérer que parfois il n’est pas le bienvenu.
Tonga, van bariolé, taxi de brousse, dromadaire, dolmus, Rolls Royce, tracteur
Tout type de véhicule est opportun pour bouger
Pour aller voir et se faire voir ailleurs
Pour se raconter que là-bas quelque chose va changer !
Là, il est assis sur une moto de foudre et de graisse derrière un pilote frapadingue
Dans un ailleurs tropical, il glisse en pirogue sur un fleuve aux eaux troubles
En Makedonía, il dort dans un squat cradingue
La route pour lui c’est un peu du quitte ou double.
Un nom de ville, de rivière l’attire, il dresse sa voile
Mais si le vent ne souffle pas dans le sens escompté
Tant pis, pour rêver lui reste le vertige des étoiles
L’espérance de demains enchantés.
Dromomanie, fugue dissociative, névrose vagabonde
Les psys classifient, on est suspect quand on est nomade
On peut aimer un chien, une femme mais pas les routes du monde
Quand on sort de la norme on est perçu comme malade.
Des fugues, d’autres en ont fait
Par exemple, Jean-Sébastien Bach, on ne l’a toujours pas retrouvé !
Zeus condamna le géant Atlas à devenir du ciel un portefaix
L’auto-stoppeur sème ses rêves comme grains de sénevé.
La chance dépend-t-elle de sa dégaine ?
Il ne sait pas pourquoi en bordure du chemin les saules pleurent
Il est on the road again, again
Il butine le monde comme l’abeille la fleur.
Ici un ciel bleu qui n’a plus ses menstrues,
La poussière recouvre le monde,
Où sont partis les beaux nuages ventrus ?
la poussière se souvient-elle des formes qu’elle émonde ?
Un coup de blues sans guitare
Une ville d’un bout du monde endormie
Et pourtant il n’est pas tard
C’est à croire qu’est passée par là une épidémie !
Il sait que le futur est le lieu du désir
Mais que tout élan est imbibé de craintes
Celles de ne pas réussir
Reste à être ami avec le vent qui ne laisse aucune empreinte.
À son pouce, une alliance
Souvenir d’une femme au pays qui l’a congédié
Parfois le saisit une nostalgie de l’odeur du figuier sauvage de l’enfance
Il se réfugie alors dans l’horizon, dans le ciel incendié.
Une pancarte, une destination
Sur les lèvres une rengaine
Il a eu un travail, vécu quelques semaines en colocation
Puis il est reparti on the road again, again.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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