28 Décembre 2013
Non loin de la frontière de l’Ouganda, un matin, au pied du Ruwenzori, nous étions juchés sur un invraisemblable chargement de balles de coton. Il y avait même des gens sur la cabine du camion. Dans une côte nous finîmes par rattraper un autre véhicule qui perdit une partie de son chargement de caisses sans même s’en apercevoir. Nous nous arrêtâmes alors et le conducteur et les passagers ouvrirent les boîtes en riant.
Interloqués nous découvrîmes ensemble leur contenu. Il y avait des médicaments de toute sorte et quand les voyageurs africains comprirent qu’il s’agissait de pilules issues de la médecine des blancs, il se réjouir et commencèrent, sous nos regards affolés, à en ingérer au petit bonheur la chance. Oui, oui, oui !
Mon compagnon leur expliqua les dangers, risqua des mimiques explicites, fît semblant de vomir, mais rares furent les convaincus qui abandonnèrent leur projet de guérison hypothétique. Nous étions effarés et ne savions plus quoi faire, la seule chose qui nous sembla alors possible fut celle de descendre du camion et de reprendre la route à pied.
Il y a des moments irritants où nous devons reconnaître que les forces de la vie, forces incluant celles de la mort également, sont plus puissantes que nos tentatives à les endiguer. Reste à accepter l’inacceptable.
Nous dûmes alors «piétiner» , comme ils disent sous cette latitude, quatre jours d’affilée, n’étant dépassés par aucun véhicule. Nous suivîmes à pied la frontière de l’Ouganda sans toutefois la traverser, le dictateur Amin Dada et son caractère imprévisible ne nous invitaient guère à franchir cette limite géo-politique.
Amoureux de l'inconnu voyageant pour l'Aimer davantage !
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